À trois semaines du début de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) TotalEnergies 2025 au Maroc, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) a créé la surprise en écartant le sélectionneur belge Marc Brys pour installer David Pagou à la tête des Lions indomptables. Cette décision, prise par le comité d’urgence sous la direction du président réélu Samuel Eto’o, intervient dans un climat de crise et marque un virage résolument local. Mais qui est ce technicien de 56 ans propulsé au premier plan ? Portrait d’un entraîneur discret, rigoureux et désormais sous les projecteurs.
Un parcours ancré dans le football camerounais
Né le 13 janvier 1969 à Buéa, dans la région du Sud-Ouest, David Pagou se décrit lui-même comme « un enfant de militaire ». Cette rigueur héritée, il entend l’imposer aux Lions : « On va restaurer la discipline », a-t-il annoncé dès sa prise de fonctions.
Formé et forgé dans le championnat camerounais, Pagou a gravi tous les échelons du football local. Il a dirigé le Stade Renard de Melong et l’Aigle Royal de la Menoua avant de connaître la consécration avec le PWD Bamenda : titre de champion du Cameroun en 2020 et Coupe du Cameroun en 2021. En 2023-2024, il est élu meilleur entraîneur de l’année, remporte une nouvelle Coupe du Cameroun et la Super Coupe avec le même club. En 2025, il entraînait Coton Sport de Garoua tout en occupant le poste d’adjoint dans le staff de Marc Brys. Cette double casquette lui a offert une connaissance intime de l’équipe nationale, un atout précieux pour prendre les commandes dans l’urgence.
Calme, méthodique et respecté par ses pairs, Pagou incarne un style de jeu pragmatique : défense solide, transitions rapides et contre-attaques tranchantes, parfaitement adapté aux réalités du football africain.
Un contexte explosif
L’arrivée de Pagou s’inscrit dans la prolongation d’un conflit institutionnel qui empoisonne la sélection depuis plus d’un an. Nommé en avril 2024 par le ministère des Sports sans l’accord initial de la Fecafoot, Marc Brys n’a jamais réussi à s’imposer. Les tensions avec Samuel Eto’o, devenues publiques, ont dégénéré en une situation ubuesque : deux staffs parallèles coexistaient lors des derniers rassemblements.
L’élimination précoce dans la course au Mondial 2026 et les résultats en dents de scie ont eu raison du Belge. Réélu président de la Fecafoot, Samuel Eto’o a saisi l’occasion pour trancher : Brys est remercié, un staff 100 % camerounais est mis en place avec David Pagou comme sélectionneur principal, Alexandre Belinga comme adjoint, Martin N’Dtoungou Mpilé coordinateur général et Clément Assimba entraîneur des gardiens.
Une liste qui fait trembler la tanière
Moins de 24 heures après sa nomination, David Pagou a dévoilé une pré-liste de 28 joueurs pour la CAN. Le message est clair : rupture. André Onana, Vincent Aboubakar, Éric Maxim Choupo-Moting et Michaël Ngadeu, figures historiques, sont écartés. Pagou justifie ces choix par la volonté de « faire place à une nouvelle génération » et de tourner la page des conflits internes.
Six joueurs évoluant en Ligue 1 française font leur apparition : Mahamadou Nagida (Rennes), Darlin Yongwa et Arthur Avom Ebong (Lorient), Éric Junior Dina Ebimbe (Brest), Danny Namaso (Auxerre) et Frank Magri (Toulouse). Des profils locaux prometteurs comme Gerzino Nyamsi, Edouard Sombang ou Simon Ngapandouetnbu complètent un groupe mêlant jeunesse et talents confirmés (Carlos Baleba, Bryan Mbeumo…).
Un défi immense
David Pagou hérite d’un vestiaire fracturé, d’une pression énorme et de seulement vingt jours pour préparer une CAN où le Cameroun affrontera la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Mozambique dès la phase de groupes. Son discours est clair : discipline, unité et fierté retrouvée. « Mon objectif est de ramener la joie et la fierté à notre peuple », a-t-il promis.
Les avis sont partagés. Certains saluent un choix patriotique et cohérent avec les succès locaux de Pagou ; d’autres s’inquiètent du manque d’expérience internationale et du timing catastrophique. Une chose est sûre : l’enfant de Buéa n’a plus le droit à l’erreur.
Dans trois semaines, les Lions indomptables rugiront-ils à nouveau ou se perdront-ils dans le désert marocain ? Tout repose désormais sur les épaules de David Pagou. Le compte à rebours est lancé.
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