À quelques jours de la présidentielle du 25 octobre 2025, le climat politique en Côte d’Ivoire s’échauffe. Dans une interview exclusive accordée à Alain Foka et diffusée le 22 octobre 2025, Laurent Gbagbo, ancien président de la République, a violemment critiqué le processus électoral en cours, qu’il juge biaisé et injuste. Pour lui, la démocratie ivoirienne est aujourd’hui en péril, et le scrutin s’annonce sous le signe de la contestation.
Un contexte politique tendu
Cette sortie médiatique intervient alors que la campagne bat son plein dans un climat déjà tendu. Plusieurs figures majeures de la scène politique, dont Laurent Gbagbo lui-même et Tidjane Thiam, ont été écartées de la compétition, suscitant vives réactions et débats. Les propos de l’ancien chef d’État viennent ainsi jeter une nouvelle ombre sur la crédibilité du processus électoral, déjà jugé controversé par une partie de l’opinion.
« Ce n’est pas une élection, c’est un coup d’État civil »
Lors de cet entretien, Laurent Gbagbo n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé ce qu’il considère comme une manipulation du processus démocratique :
« Ce n’est pas une élection, c’est un coup d’État civil, un braquage électoral », a-t-il lancé.
Selon lui, le pouvoir en place aurait délibérément écarté les candidats les plus menaçants, notamment Tidjane Thiam et lui-même, afin d’assurer une victoire sans réel affrontement.
Concernant sa propre inéligibilité, Gbagbo est revenu sur la condamnation liée à l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », qu’il juge injustifiée :
« La BCEAO n’a jamais déposé plainte, ni affirmé avoir été braquée », a-t-il rappelé, dénonçant une décision motivée par des calculs politiques.
Il a par ailleurs souligné qu’il était le seul des condamnés dans cette affaire à avoir été déclaré inéligible, estimant que cette mesure visait simplement à l’éliminer du jeu politique.
L’âge et la gouvernance : une question d’équilibre
Interrogé sur la question de l’âge des dirigeants, sujet sensible en Afrique, Gbagbo, âgé de 80 ans, a admis que « passé un certain âge, la santé n’est plus la même ». Une déclaration rare dans la sphère politique africaine, où le sujet est souvent éludé. Il a toutefois insisté sur le fait que le renouvellement du pouvoir est essentiel, citant en exemple les grandes démocraties où les alternances se déroulent sans heurts, même en période d’instabilité.
Répondant aux propos du président Alassane Ouattara, qui revendique un bilan positif en matière d’infrastructures, Gbagbo a répliqué :
« J’ai gouverné ce pays avant lui. J’ai rendu le pouvoir aux paysans sur le café-cacao et j’ai apporté la liberté aux Ivoiriens. »
Il a toutefois reconnu avoir ordonné des emprisonnements, tout en affirmant que la répression actuelle est bien plus sévère :
« On parle aujourd’hui de 700 personnes arrêtées, peut-être même 1000 », a-t-il déploré.
Une opposition morcelée à la veille du scrutin
L’entretien a également mis en lumière les divisions internes de l’opposition. Interrogé sur l’absence de candidature commune, Gbagbo a expliqué que les discussions entre les partis d’opposition ne visaient pas à désigner un représentant unique, mais à élaborer une stratégie face à leur exclusion :
« Nous avons décidé de ne soutenir ni un candidat, ni même la dynamique électorale », a-t-il affirmé.
Une position qui, selon le journaliste Alain Foka, laisse « un boulevard à Alassane Ouattara ». Ce à quoi Gbagbo a répondu avec ironie :
« Peut-être… mais c’était déjà un boulevard. »
Concernant Ahoua Don Mello, ancien membre du PPA-CI exclu pour avoir annoncé sa candidature, Gbagbo a tenu à préciser que cette initiative était strictement personnelle :
« Il ne m’a jamais consulté, ni soumis sa proposition au parti », a-t-il assuré.
À seulement quelques jours du scrutin, cette désunion de l’opposition et les accusations de manipulation électorale contribuent à renforcer le climat d’incertitude autour de la présidentielle ivoirienne de 2025.
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