Côte d’Ivoire : Une émeute carcérale à Abidjan secoue la lutte contre la drogue

Ce lundi 14 avril 2025, la maison d’arrêt d’Abidjan a été le théâtre d’une violente émeute qui a entraîné douze blessés parmi les détenus. Cette agitation a éclaté pour protester contre une mesure de lutte contre la drogue, récemment mise en place dans les prisons ivoiriennes. Face à l’enjeu majeur de sécuriser les établissements pénitentiaires dans un contexte de surpopulation extrême, l’administration pénitentiaire se voit contrainte d’agir avec fermeté pour limiter l’introduction et la circulation de substances interdites au sein des murs carcéraux.

La Côte d’Ivoire fait face à une crise institutionnelle aiguë avec près de 27 000 personnes détenues et un taux d’occupation atteignant 297 %. Selon le site international Prison Insider, le pays se classe parmi ceux présentant les taux de surpopulation les plus élevés au monde, avec même des établissements qui, en 2022, ont enregistré des taux supérieurs à 600 %. Ces conditions de promiscuité extrême aggravent la gestion des prisons et augmentent les tensions entre les détenus, parfois au-delà de toute mesure de contrôle.

Dans ce climat de tension, l’administration pénitentiaire a décidé de renforcer ses actions pour assainir les établissements. Célestin Doheuly Kamin, directeur de l’administration pénitentiaire, avait ainsi lancé un communiqué précisant que de « diverses quantités de drogue ont été saisies » dans différents centres, notamment à Bouaké et récemment à Abidjan. La décision prise à Abidjan visait à réglementer l’accès et l’utilisation de la cour centrale de promenade, devenue le principal lieu de toutes les transactions illicites. Une mesure qui avait pour objectif de mettre un frein aux trafics de drogue et de renforcer la sécurité dans ces espaces communs essentiels.

Cependant, l’exécution de cette mesure a rapidement suscité la contestation parmi les détenus. Refusant cette restriction sur le lieu de rencontre stratégique de la prison, certains ont déclenché une révolte en démolissant des installations, telles que les grilles de séparation entre les différents secteurs de l’établissement. L’émeute, qui a duré environ trente minutes, a été relayée sur les réseaux sociaux avec des vidéos montrant des détenus fuyant les tirs dans la cour d’un bâtiment qui abrite la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan.

Les affrontements ont rapidement fait leur bilan : douze détenus ont été blessés et ont reçu une prise en charge médicale immédiate. L’ordre est finalement revenu dans l’établissement grâce à l’intervention rapide des autorités carcérales. Toutefois, cet incident illustre la fragilité de la gestion des prisons ivoiriennes, déjà fragilisées par la surpopulation et les multiples tentatives de contrôle des trafics internes.

Les troubles ne s’arrêtent pas là. La semaine précédente, un détenu est décédé par asphyxie lors d’une tentative d’évasion dans la prison de Bouaké, où trois autres personnes avaient été blessées. La veille de ces événements, des tensions s’étaient déjà manifestées à Bouaké après que des colis de visiteurs, destinés aux détenus, ont révélé la présence de drogues saisies par les services de sécurité.

Ces incidents récurrents soulignent l’urgence d’une réforme globale du système carcéral en Côte d’Ivoire. La lutte acharnée contre le trafic de drogue dans les prisons, conjuguée à la gestion de la surpopulation, représente un défi crucial pour les autorités. Des mesures structurelles et un investissement accru dans les infrastructures pénitentiaires pourraient permettre de prévenir ces situations conflictuelles et de garantir la sécurité des détenus comme du personnel.

La violence observée à Abidjan n’est qu’un signe révélateur d’un problème plus vaste qui touche tout le système pénitentiaire ivoirien. Seule une approche intégrée combinant sécurité, réhabilitation et amélioration des conditions de détention pourra instaurer un environnement plus stable, respectant à la fois les droits humains et les impératifs de lutte contre le trafic de drogue.

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