Enquête sur l’assassinat de Nahel: on en sait un peu plus sur les circonstances de sa mort

La cour d’appel de Versailles a rendu sa décision de maintenir en détention provisoire le policier âgé de 38 ans, responsable de la mort de Nahel le 27 juin à Nanterre.

Pendant ce temps, les journaux Le Monde et Le Parisien dévoilent de nouveaux éléments de l’enquête.

De nouveaux éléments émergent concernant les circonstances de la mort de Nahel, survenue le 27 juin à Nanterre suite à un refus d’obtempérer ayant impliqué un policier.

Des documents révélés par la presse apportent des informations cruciales pour l’enquête.

Le Monde, ayant obtenu un réquisitoire daté du mercredi 5 juillet émanant du parquet général de Versailles, et Le Parisien, qui a eu accès à un compte-rendu des déclarations de l’agent mis en examen auprès de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), retracent en détail les circonstances de cette tragique matinée au cours de laquelle le jeune conducteur de 17 ans a perdu la vie.

  • Les circonstances de la course-poursuite

Les documents examinés reviennent sur les circonstances qui ont conduit les deux policiers à poursuivre le jeune conducteur.

Quelques instants avant le meurtre de Nahel, le brigadier de 38 ans, accompagné de son collègue, est sorti du commissariat de Nanterre à bord de sa moto. Ils ont repéré une Mercedes qui circulait dans la voie de bus avec un moteur bruyant.

Les policiers ont alors entamé une poursuite. Florian, le brigadier, positionné du côté passager avec les sirènes et les gyrophares allumés, a demandé au conducteur et à ses passagers de se ranger pour un contrôle.

Malheureusement, les sommations ont été ignorées et le conducteur a repris sa fuite à pleine vitesse, atteignant jusqu’à 80 ou 100 km/h selon le témoignage du second gardien de la paix.

D’après le réquisitoire du parquet général de Versailles, consulté par Le Monde, une analyse des vidéosurveillance a révélé que le véhicule a failli percuter un cycliste et a roulé plusieurs fois à contresens.

Un piéton qui traversait a dû faire demi-tour en courant pour éviter d’être heurté. Florian affirme également que le conducteur a fait une embardée en direction de son collègue lors de sa fuite.

  • L’échange entre les policiers et Nahel

Après avoir bloqué la Mercedes quelques centaines de mètres plus loin, à proximité de la place Nelson-Mandela, les deux policiers descendent de leurs motos.

Positionnés du côté avant-gauche du capot, ils pointent leur pistolet Sig Sauer vers les occupants du véhicule.

Lors de son interrogatoire par l‘IGPN, l’auteur du tir a affirmé avoir crié au conducteur de 17 ans de couper le contact.

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et étudiée par l’IGPN remet en question la version selon laquelle le policier aurait crié « Shoote ! Shoote ! » Certains interprètent plutôt ses mots comme « Coupe ! Coupe ! ».

Par ailleurs, selon Le Parisien, le rapport mentionne la présence d’une autre voix, attribuée au collègue de Florian, qui aurait crié « Tu vas prendre une balle dans la tête ».

  • Le tir du policier en question

Avant de justifier son geste, le policier a expliqué aux enquêteurs qu’il n’avait pas l’intention de tirer initialement.

Il souhaitait viser le bas du corps en cas de nécessité. Il affirme avoir frappé le pare-brise pour attirer l’attention du conducteur, mais l’un des passagers contredit cette version en mentionnant des coups de crosse portés directement sur Nahel.

Le policier explique que le conducteur faisait avancer et reculer le véhicule, bien que cette information ne soit pas corroborée par la vidéo.

Déstabilisé par l’accélération du véhicule, le policier a ouvert le feu par crainte d’être écrasé contre le muret derrière lui.

Il souhaitait également protéger son collègue, qui aurait presque été embarqué par le véhicule. Selon le policier, son collègue avait introduit la moitié supérieure de son corps dans l’habitacle pour maîtriser le conducteur ou tenter d’éteindre le contact.

Lors d’une confrontation organisée par l’IGPN, le collègue de Florian a affirmé n’avoir que son bras dans l’habitacle.

Il a également déclaré que Nahel avait coupé le contact du véhicule après 10 à 15 secondes, mais qu’il avait ensuite replacé sa main sur le volant et manipulé le levier de vitesse de sa voiture.

Après que le policier a tiré, le rapport met en évidence, suite à l’examen de la vidéo, que l’on entend encore cinq ou six coups de klaxon et le bruit du moteur qui accélère.

L’autopsie a révélé que la balle ayant touché Nahel a d’abord traversé le pare-brise, puis le poignet de l’adolescent, avant de pénétrer dans son thorax.

  • L’ambiance électrique qui suit le tir

Les rapports d’enquête révèlent une atmosphère tendue quelques minutes après le tir mortel. Selon Le Monde, des individus hostiles et des proches de la victime sont présents sur les lieux et s’en prennent verbalement au policier.

Dans une séquence filmée et devenue virale, un ambulancier lance notamment : « Tu vas plus vivre tranquille, frère ».

Lors de son jugement en comparution immédiate, l’ambulancier a été condamné pour outrage, mais sans peine, en raison du contexte de sidération générale.

La grand-mère de Nahel, également présente, aurait déclaré : « Les deux policiers, ils vont pas sortir (…). Je les attendrai. J’ai des copains qui travaillent au dépôt ».

Elle aurait également ajouté : « Il y a un terroriste qui va tous les attraper, Inch’Allah, un terroriste qui va tous les massacrer ». Cependant, les jours suivants, la dame a appelé au calme.

  • Ce que l’on sait du policier

Florian, âgé de 38 ans, n’avait jamais été impliqué dans des problèmes au sein de la police jusqu’au 27 juin.

Au contraire, en janvier 2020, il a reçu la médaille de la sécurité intérieure (échelon bronze) des mains de Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur, comme de nombreux autres policiers.

En mai 2021, il a également été décoré de la médaille de bronze pour « actes de courage et de dévouement » par Didier Lallement, préfet de police de Paris à l’époque.

Cependant, son passage par la Brav-M, un service de police controversé pour ses méthodes jugées violentes par certains, constitue un élément ambigu de son parcours.

Initialement mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire le 29 juin, le brigadier a vu son maintien en détention confirmé jeudi par le parquet de Versailles.

Son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, a qualifié cette situation de « totalement désespérante » pour son client, la décrivant comme un nouveau « cauchemar » lors d’une interview sur BFMTV.

« Il garde espoir, il va continuer à se battre, mais aura-t-il encore l’énergie pour cela ? », a-t-il ajouté. Par ailleurs, le procureur général près la cour d’appel de Versailles a rejeté la demande de transfert du dossier, déposée par Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille de Nahel, visant à le transférer vers une autre juridiction que Nanterre où il est actuellement instruit.

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