Escroquerie amoureuse : cet ivoirien soutire plus d’un demi-million de dollars à deux retraitées québécoises

Escroquerie amoureuse cet ivoirien soutire plus d'un demi-million de dollars à deux retraitées québécoises

À Montréal, une affaire d’escroquerie amoureuse secoue le Québec et jette une lumière crue sur des réseaux criminels opérant depuis l’Afrique de l’Ouest. Au centre du scandale, Mamadou Berthe, un Ivoirien de 26 ans arrivé au Canada avec un permis d’études, aurait soutiré plus d’un demi-million de dollars à des retraités vulnérables.

Cette affaire, mêlant fraudes sophistiquées, vols de voitures et même des soupçons de financement d’activités terroristes, soulève une question brûlante : jusqu’où ces dérives terniront-elles l’image de la Côte d’Ivoire et de sa jeunesse à l’étranger ?

Une arnaque amoureuse aux conséquences dévastatrices

Tout commence sur les réseaux sociaux, où des profils fictifs, comme « Philine Degagne » ou « Jean-Marc », séduisent des personnes âgées isolées. Via WhatsApp, les escrocs tissent des liens affectifs avec soin : messages quotidiens, photos volées, cadeaux comme des fleurs ou du chocolat. Jacques, un sexagénaire de Trois-Rivières, croyait vivre une idylle avec « Philine », une prétendue mère martiniquaise.

Il a vidé ses épargnes et vendu sa maison pour envoyer près de 300 000 dollars, pensant financer un salon de coiffure ou un terrain familial. Aujourd’hui, il dort dans un motel et travaille pour survivre.

Guylaine Paré, de Mercier, a perdu 200 000 dollars face à un faux « Michel Leclercq ». Soutenue par sa fille, elle a porté plainte, mais reste marquée : « J’ai reçu de nouveaux messages du même escroc. Cette fois, je ne tomberai plus dans le piège. »

L’enquête révèle l’ampleur du désastre : Berthe est lié à une vingtaine de victimes, avec un butin dépassant le million de dollars. Une autre femme, ayant perdu 350 000 dollars, n’a pas osé porter plainte.

Arrêté en juin 2024, Berthe a plaidé coupable et a été expulsé du Canada en août. Mais il n’agissait pas seul : ses comptes bancaires, remplis de fausses identités, servaient à blanchir l’argent vers l’Afrique via des applications de transfert.

Des cybercafés d’Abidjan aux campus québécois : un réseau bien huilé

Ces escroqueries, nées dans les cybercafés d’Abidjan, se sont professionnalisées. Les « brouteurs », comme on les appelle en Côte d’Ivoire, ont perfectionné leurs méthodes, s’inspirant des fraudes nigérianes. Leur porte d’entrée au Québec ? Les permis d’études. Berthe, comme des centaines d’autres, est arrivé via des universités régionales comme celles de Trois-Rivières, Chicoutimi ou Gatineau. Beaucoup ne suivent aucun cours, exploitant une faille dans le système migratoire qui manque de vérifications rigoureuses.

Une fois sur place, les délits s’enchaînent : fraudes bancaires massives (un fermier a perdu un million en une nuit via 100 transactions), vols de voitures exportées vers Abidjan dans des conteneurs camouflés, trafic de drogue, voire prostitution. Des dizaines de véhicules volés à Montréal ont été repérés en Côte d’Ivoire. Ces fraudes, qualifiées de « haut de gamme », ont causé des pertes estimées à un demi-milliard de dollars au Québec en 2024, bien que la honte empêche la plupart des victimes de dénoncer.

Des soupçons de terrorisme qui glacent le sang

Plus inquiétant encore, des liens avec le financement d’activités terroristes émergent. Les autorités soupçonnent que l’argent blanchi alimente des réseaux extrémistes en Afrique de l’Ouest, notamment via des connexions avec des groupes comme le Hezbollah, actifs en Côte d’Ivoire. Berthe détenait plusieurs passeports (Côte d’Ivoire, Togo, Mali, Guinée), facilitant les transferts occultes. Ces allégations, bien que non confirmées judiciairement, soulignent la porosité des flux financiers transatlantiques.

Un stigmate pour la Côte d’Ivoire et sa diaspora

Cette affaire entache la réputation de la Côte d’Ivoire, où les « brouteurs », souvent issus de milieux précaires, incarnent un mélange de désespoir économique et d’ambition dévoyée. Abidjan est parfois dépeinte comme un hub de cybercriminalité amoureuse, où ces pratiques, nées dans le chaos post-conflit, prennent racine.

Pour la diaspora ivoirienne au Québec, c’est un coup dur. Si des milliers d’étudiants et professionnels africains contribuent positivement, ces scandales alimentent les stéréotypes. Sur les réseaux sociaux, les réactions varient : certains moquent (« Ils ne font jamais rien de bon »), d’autres défendent leur communauté (« Ces noms ne sont pas ivoiriens »).

Des initiatives, comme des formations à Odienné pour sensibiliser 1 193 personnes aux risques numériques en 2024, tentent d’inverser la tendance, mais le défi reste immense.


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