Depuis le 9 juin 2025, les États-Unis ont mis en place une suspension partielle de l’émission de visas pour les ressortissants de sept pays, dont le Togo. Cette mesure, inscrite dans une proclamation présidentielle signée par Donald J. Trump le 4 juin 2025, s’inscrit dans une politique migratoire restrictive visant à protéger la sécurité nationale et la sûreté publique américaines.
Intitulée Restricting the Entry of Foreign Nationals to Protect the United States from Foreign Terrorists and Other National Security and Public Safety Threats, elle cible des pays jugés défaillants en matière de contrôle migratoire et de coopération sécuritaire.
Pour les Togolais, cela signifie une restriction importante sur les visas de tourisme, d’affaires, d’études et d’immigration, affectant des milliers de citoyens aspirant à des opportunités aux États-Unis.
Contexte de la proclamation présidentielle
La proclamation de juin 2025 marque un retour aux mesures de « travel ban » emblématiques du premier mandat de Donald Trump (2017-2021). Signée dans le cadre de l’Executive Order 14161, elle étend les restrictions à 19 pays au total : une suspension totale pour 12 nations à haut risque et une suspension partielle pour sept autres, incluant le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela. Elle est entrée en vigueur à minuit le 9 juin 2025 (heure de l’Est) et ne s’applique qu’aux personnes se trouvant hors des États-Unis sans visa valide à cette date.
Cette politique repose sur des évaluations du Département d’État américain, en coordination avec le Département de la Sécurité intérieure (DHS) et les services de renseignement. Elle vise les pays présentant des « défaillances persistantes » en matière de vérification d’identité, de partage d’informations sécuritaires et de respect des obligations migratoires. Le Togo, classé en « catégorie 2 » (risque élevé mais non critique), fait l’objet d’une restriction partielle.
Les raisons spécifiques invoquées pour le Togo
Les motifs avancés par l’administration américaine sont à la fois quantitatifs et qualitatifs. Voici les principaux :
1. Taux élevés de dépassement de séjour (overstay rates)
Le rapport annuel du DHS pour l’année fiscale 2023 montre des chiffres particulièrement élevés pour le Togo : près de 19,03 % des détenteurs de visas B-1/B-2 (tourisme et affaires) et 35,05 % des visas F, M et J (étudiants et échanges culturels) n’ont pas quitté les États-Unis dans les délais impartis. Ces taux figurent parmi les plus élevés au monde et sont perçus comme une exploitation abusive du système de visas temporaires, favorisant une immigration irrégulière déguisée.
| Type de visa | Taux de dépassement de séjour (FY 2023) | Comparaison mondiale |
|---|---|---|
| B-1/B-2 (Tourisme/Affaires) | 19,03 % | Parmi les 10 plus élevés |
| F/M/J (Étudiants/Échanges) | 35,05 % | Parmi les 5 plus élevés |
Ce non-respect des conditions de séjour complique le suivi des voyageurs et accroît les risques d’activités illicites.
2. Défaillances dans les mécanismes de filtrage et de partage d’informations
Les États-Unis reprochent au Togo un manque de coopération consulaire, notamment dans le partage de données sur les antécédents criminels, les identités et les documents civils. Le pays est jugé ne pas disposer de systèmes de vérification adéquats, ce qui gêne les contrôles antiterroristes. Par ailleurs, le Togo a parfois été réticent à rapatrier rapidement ses nationaux en situation d’expulsion.
3. Contexte sécuritaire global
Bien que le Togo ne soit pas considéré comme un foyer terroriste majeur, la mesure s’inscrit dans une logique plus large de protection contre les « menaces étrangères ». L’administration argue que ces faiblesses cumulées exposent les États-Unis à des risques de terrorisme, de criminalité transnationale et de surcharge des services publics.
Les catégories de visas affectées et les exceptions
La suspension partielle concerne :
- Visas non-immigrants : B-1/B-2 (tourisme/affaires), F/M (étudiants), J (échanges).
- Visas immigrants : tous, sauf exceptions.
Les principales exceptions incluent :
- Visas diplomatiques (A/G).
- Regroupement familial immédiat (conjoints, enfants, parents de citoyens américains).
- Adoptions par des citoyens américains.
- Visas spéciaux pour employés du gouvernement US.
- Binationaux voyageant avec un passeport non concerné.
- Athlètes ou participants à des événements sportifs majeurs.
- Cas d’intérêt national (humanitaire, médical), évalués au cas par cas.
Les visas délivrés avant le 9 juin 2025 restent valables.
Impacts sur les ressortissants togolais et la diaspora
Cette mesure touche particulièrement les étudiants togolais, dont les projets d’études supérieures aux États-Unis sont compromis. La diaspora craint une réduction des échanges familiaux et professionnels, ainsi qu’un frein aux transferts de fonds et aux investissements. Le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a appelé les citoyens à respecter scrupuleusement les durées de séjour autorisées, soulignant que les dépassements nuisent aux relations bilatérales. Le ministère a publié un communiqué pour sensibiliser la population.
Perspectives et réactions
La mesure est réversible : elle pourrait être levée si le Togo améliore significativement ses taux de dépassement de séjour et sa coopération sécuritaire (par exemple via des réformes numériques de suivi des passeports). Certains pays africains y voient une forme de pression diplomatique. Des recours judiciaires sont en cours, notamment de la part d’universités américaines contre les restrictions touchant les étudiants.
La suspension partielle de visas pour les Togolais repose sur des préoccupations sécuritaires réelles – taux d’overstay élevés et faiblesses de vérification – mais elle traduit aussi une politique migratoire très restrictive.
Elle pénalise collectivement une population pour les agissements d’une minorité, au risque de détériorer des relations bilatérales pourtant solides. Pour le Togo, l’enjeu est de renforcer rapidement sa gouvernance migratoire afin de restaurer la confiance américaine. En attendant, de nombreux Togolais se tournent vers le Canada, l’Europe ou d’autres destinations.
Cette affaire illustre les tensions croissantes autour de l’immigration mondiale, où la sécurité s’accompagne souvent de restrictions généralisées.
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