Les effets de la p0rn0graphie sur le cerveau

Les effets de la p0rn0graphie sur le cerveau

La consommation de p0rn0graphie a un impact important sur la manière dont le sexe est perçu, en particulier chez les plus jeunes. Des études montrent que la consommation régulière de ce type de contenu augmente les risques d’agressions sexuelles en général et, plus particulièrement, envers les femmes. Pour cette raison, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander au gouvernement espagnol de tenir ses promesses et de réglementer efficacement l’accès à la pornographie, surtout pour les mineurs.

Par ailleurs, la visualisation prolongée de contenus sexuellement explicites a été associée à des troubles de l’apprentissage et à des pertes de mémoire. C’est ce qu’a mis en évidence une étude réalisée en 2014 par le Centre de Psychologie du Cycle de Vie de Berlin (Max Planck Institute for Human Development). Selon cette recherche, une consommation excessive de pornographie affecterait le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau (plus précisément dans le striatum, notamment le noyau caudé droit), zone où se trouve le tissu neuronal lié à diverses fonctions cognitives, dont l’intelligence. Cette réduction de la matière grise pourrait donc impacter des fonctions telles que l’apprentissage et la mémoire.

Et comment le consommation prolongée de pornographie affecte-t-elle particulièrement les plus jeunes ? Sergio Oliveros, psychiatre et directeur du Groupe Doctor Oliveros, l’explique à CuídatePlus : la diminution de l’activité frontale et d’autres altérations cérébrales « entraînent une baisse des performances cognitives, due à des difficultés à maintenir l’attention, à se concentrer ou à mémoriser du contenu, ce qui interfère considérablement avec le processus d’apprentissage chez les adolescents et les jeunes, une tranche d’âge où cette consommation est très répandue ».

Concernant les effets généraux de la consommation prolongée de pornographie, ce spécialiste souligne que la dépendance à la pornographie est provoquée par un stimulus supernormal (un stimulus d’une très grande intensité et très facile à obtenir, contrairement aux stimuli naturels) et par un « détournement » des voies cérébrales qui régulent la récompense pour certains comportements.

La dépendance à la pornographie

« Ce phénomène est renforcé par le fait qu’un accès facile au matériel contourne le processus cognitif complexe qui analyse le risque et planifie la stratégie pour obtenir la récompense », précise-t-il. Selon lui, ce mécanisme est particulièrement grave dans le cas de la dépendance à la pornographie, car il s’agit d’un puissant activateur des voies de récompense : « Une telle situation entraîne un rééquilibrage du cerveau, avec une diminution de la stimulation du lobe frontal, ce qui se traduit par une attitude sans motivation ni initiative, et une incapacité à ressentir du plaisir par des moyens normaux », ajoute-t-il.

D’un point de vue psychologique, Rafael San Román, psychologue chez Ifeel (plateforme de bien-être émotionnel et de soutien psychologique pour les individus et les organisations), estime que « l’interprétation des conséquences psychologiques de la consommation de pornographie (à tous les niveaux) doit toujours tenir compte du fait qu’il s’agit d’un sujet très controversé, dans lequel l’objet d’étude est soumis dès le départ à un jugement de valeur préalable. Personnellement, tant qu’il s’agit de contenu pornographique produit par des adultes consentants, sans paraphilies (relations avec des mineurs, des animaux, des cadavres, etc.) ni abus (violence non consentie), je ne pense pas que ce soit intrinsèquement néfaste. Mais il faut savoir le comprendre et le consommer de manière adéquate pour éviter des conséquences négatives », prévient-il.

À ce sujet, Oliveros commente que « une consommation modérée et occasionnelle n’entraîne pas d’effets significatifs ; certains couples regardent même ce type de contenu ensemble et le trouvent stimulant ». En revanche, dans les cas de dépendance, les patients rencontrent des difficultés à créer des liens émotionnels avec les autres et « évitent souvent les relations sexuelles, car ils souffrent fréquemment d’une dysfonction érectile ou d’autres troubles sexuels médiatisés par des mécanismes cérébraux ».

Quand est-ce trop ?

Pour San Román, il n’est pas facile de déterminer objectivement quand la visualisation de contenus sexuels devient excessive ; chaque cas doit être évalué individuellement. Pour cela, il faut prendre en compte non seulement le facteur quantitatif (le temps passé à consommer ce contenu), mais aussi les conséquences qualitatives : « comment la personne se sent avant, pendant et après la consommation, ce à quoi elle renonce pour regarder de la pornographie, comment cela affecte ses relations, son humeur… ».

De son côté, Oliveros indique que cette dépendance touche environ 7 % des hommes et 1 à 3 % des femmes, qui finissent par faire de la pornographie leur principale activité de loisir, au détriment de leur vie professionnelle, familiale, sociale et personnelle. « Cependant, la grande majorité des utilisateurs ne sont pas affectés de cette manière et consomment librement, sans dépendance : environ 75 % des hommes et 25 % des femmes de la population générale consomment régulièrement de la pornographie. » Quant aux causes de cette dépendance, le psychiatre met en avant l’interaction de facteurs génétiques, familiaux et culturels.

San Román met en garde : dans les cas graves, la consommation de contenus sexuellement explicites comporte une forte composante compulsive : « Il s’agit d’un comportement répétitif qui occupe souvent un temps perçu comme excessif, avec une certaine incapacité à l’arrêter, une interférence dans l’attention portée aux autres responsabilités, et qui génère plus de mal-être psychologique que de plaisir ». Selon lui, il faut explorer ces situations au cas par cas, sans oublier que certaines personnes projettent sur leur comportement un jugement moral très fort, accompagné de culpabilité : « Elles en viennent alors à dire qu’elles sont “dépendantes à la pornographie”, qu’elles en regardent “trop”, ou qu’elles passent trop de temps à chercher des rencontres sexuelles sur les applications. Cela peut être vrai, mais il peut aussi s’agir d’une distorsion liée à la culpabilité ».

Si un spécialiste identifie un véritable problème, comment le traiter ? « La dépendance à la pornographie se traite et le traitement est d’autant plus efficace qu’il est entrepris tôt », répond Oliveros en conclusion : « Il est essentiel que le patient ou ses proches identifient la situation rapidement, demandent de l’aide et sortent la personne de ce sentiment d’impuissance qui renforce son isolement et aggrave la dépendance. »


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