La France connaît jeudi une journée de manifestations et de grèves de masse à l’appel des principaux syndicats pour exiger le retrait du plan d’ajustement budgétaire élaboré par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Dès les premières heures, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fait état de « tentatives de blocages et de sabotages », notamment dans la capitale et dans diverses régions du pays.
Lors d’une visite aux forces de l’ordre dans le sud de Paris, Retailleau a rapporté que des « tentatives de blocages » avaient été enregistrées dans et autour de la ville, y compris l’obstruction d’un garage de bus de la ville et « une tentative de sabotage d’un réseau d’eau » en Bretagne.
« L’ordre donné aux policiers et aux gendarmes est qu’ils entrent en contact dès qu’il y a des attaques contre des biens ou des personnes », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le gouvernement avait mobilisé 90 000 policiers et gendarmes dans tout le pays pour maintenir l’ordre et anticiper d’éventuels incidents au cours de la journée.
Selon les services de renseignement, la participation aux manifestations prévues jeudi pourrait dépasser les 900.000 personnes sur l’ensemble du territoire. Le suivi de la grève affecte significativement les transports urbains, notamment à Paris. Seules trois des seize lignes de métro, celles à conduite automatisée, fonctionnent normalement, tandis que les autres fonctionnent de manière irrégulière, en particulier pendant les heures creuses et dans la région métropolitaine.
Sur les chemins de fer nationaux, la SNCF assure l’entretien de 90 % des trains à grande vitesse (TGV), alors que seulement la moitié des trains interurbains et 60 % des trains régionaux circulent. De nombreuses villes signalent des services urbains à mi-régime, avec de longues attentes et des fréquences réduites sur les quais de bus et de tramway.
L’impact de la manifestation s’étend également au secteur de l’éducation. Selon les syndicats, environ un tiers des enseignants se joignent à la grève. Plusieurs écoles font état d’un taux élevé d’absentéisme des enseignants et des élèves en raison de l’adhésion massive à la grève et des difficultés de mobilité causées par la réduction des services de transport.
L’appel de ce jeudi réunit les huit centrales syndicales représentatives de France, contrairement aux mobilisations précédentes d’origine plus spontanée. La manifestation du 10 septembre, sous le slogan « bloquons tout », s’est propagée sur les réseaux sociaux, mais n’a pas eu la coordination et la portée nationale de la journée actuelle.
La raison centrale de la mobilisation est le rejet du projet budgétaire préparé par l’exécutif précédent. Le plan prévoit une réduction du déficit de près de 44 000 millions d’euros au cours de l’année prochaine, et comprend le gel des prestations sociales, des salaires des fonctionnaires, la réduction de certains services publics et la suppression de deux jours fériés.
Les organisations syndicales qualifient ces mesures d’« une brutalité sans précédent » et mettent en garde contre l’aggravation des inégalités sociales. Ils exhortent le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, proche du président Emmanuel Macron, à abandonner le projet hérité et à ouvrir immédiatement des négociations.
« Il est essentiel de revaloriser les salaires, d’améliorer les carrières professionnelles, les conditions d’emploi et l’égalité entre les femmes et les hommes », ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
Les tensions sociales se traduisent par la présence massive des forces de sécurité dans les centres urbains et les points de transport stratégiques. L’exécutif assure qu’il est prêt à maintenir l’ordre, tandis que les syndicats insistent sur le fait que le gouvernement doit écouter les revendications et ouvrir le dialogue pour éviter une escalade du conflit social.
En savoir plus sur Gnatepe
Subscribe to get the latest posts sent to your email.


