La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) du Togo est secouée par une nouvelle controverse. Clément Ubima Kagbara a récemment rejoint ses rangs après avoir prêté serment devant la Cour constitutionnelle le mardi 18 février 2025. Cependant, cette nomination fait l’objet d’une vive contestation de la part de Kossi Azondjagni, qui affirme n’avoir jamais démissionné de son poste.
Une nomination sous tension
Clément Ubima Kagbara a été choisi par son frère, Innocent Kagbara, président du Parti Démocratique Panafricain (PDP), pour remplacer Yéwanou Kossi Azondjagni. Ce dernier, déclaré démissionnaire par le PDP, affirme pourtant ne jamais avoir remis de lettre de démission. « Je viens très respectueusement par la présente vous exprimer ma grande surprise et dénoncer avec la dernière rigueur la prestation de serment de Clément Kagbara en remplacement de ma modeste personne suite à une lettre de démission que j’aurais signée », a-t-il écrit dans un courrier adressé au président de la Cour constitutionnelle.
Accusations de faux et usage de faux
Kossi Azondjagni dénonce une usurpation de sa signature et demande à être rétabli dans ses fonctions. « Sur l’honneur, je vous assure, Monsieur le Président, n’avoir jamais signé une quelconque lettre de démission », a-t-il souligné. Il accuse Innocent Kagbara et le PDP d’avoir utilisé de faux documents pour organiser son remplacement.
D’après l’article 14 du Code électoral, le remplacement d’un membre de la CENI en cas de démission, décès ou empêchement définitif doit suivre une procédure bien définie. Pour Azondjagni, cette procédure n’a pas été respectée : « Cette fameuse lettre de démission ne porte pas ma signature. C’est une fausse lettre et donc un acte qualifiable de faux et usage de faux ».
Un serment controversé
Le 18 février 2025, Clément Kagbara a prêté serment devant le Président de la Cour constitutionnelle, Professeur Djobo-Babakane Coulibaley. Lors de cette cérémonie, il a juré de « remplir fidèlement et en toute impartialité les fonctions de membre de la CENI dans le respect de la Constitution, du Code électoral, des lois et règlements en vigueur ». Pourtant, cette prestation de serment est aujourd’hui remise en cause.
Vers un rétablissement de Kossi Azondjagni ?
Membre de la CENI depuis 2022, Kossi Azondjagni représente le PDP au sein de l’institution chargée de l’organisation et de la supervision des élections au Togo. Ancien directeur de publication du journal Le Dauphin, il a été choisi pour ses liens étroits avec Innocent Kagbara et a joué un rôle actif lors des élections législatives et régionales.
Convaincu que son mandat se poursuit, il plaide pour son retour au sein de l’institution : « Dans le respect du serment que j’ai prêté devant votre noble institution, je demande, Monsieur le Président, eu égard à votre grande expérience, à être rétabli dans mes fonctions afin de continuer mon mandat ».
La Cour constitutionnelle statuera-t-elle en sa faveur ? Ce conflit interne au sein de la CENI pose une nouvelle fois la question de la transparence et de la gouvernance des institutions électorales au Togo.