Une vaste étude menée sur plus de 88 000 adultes apporte un éclairage nouveau sur un aspect souvent négligé de notre santé : l’heure du coucher. Au-delà d’un certain créneau, le risque d’AVC augmenterait nettement — et l’effet serait plus marqué chez les femmes. Alors, nos nuits dérèglent-elles vraiment notre cœur ?
L’heure de l’endormissement : un détail qui pèse lourd
S’endormir trop tôt ou trop tard ne serait pas sans conséquence. Si les facteurs de risque classiques de l’AVC — tabagisme, hypertension, cholestérol, sédentarité — restent les premiers responsables, les chercheurs rappellent qu’ils n’expliquent pas tout.
Un paramètre beaucoup moins discuté fait désormais irruption dans le débat : le moment précis où l’on s’endort. Selon les scientifiques, il existerait même une fenêtre optimale pour réduire le risque d’accident cardiovasculaire.
Une étude massive sur 88 000 personnes : la fenêtre idéale révélée
Pour explorer ce lien, les chercheurs ont suivi 88 000 adultes, âgés en moyenne de 61 ans, dont 58 % de femmes. Aucun n’avait de maladie cardiaque ni de troubles sévères du sommeil. Pendant une semaine, tous ont porté un capteur au poignet afin d’enregistrer leur heure exacte d’endormissement.
Sur près de six ans de suivi, plus de 3 000 événements cardiovasculaires — dont des AVC — ont été recensés.
Les résultats sont frappants :
Risque cardiovasculaire en fonction de l’heure du coucher
Avant 22 h : +24 %
Entre 22 h et 22 h 59 : risque le plus faible
Entre 23 h et 23 h 59 : +12 %
Après minuit : +25 %
Le créneau 22 h – 22 h 59 apparaît comme le plus protecteur.
Pourquoi le risque grimpe-t-il après minuit ?
Le point critique se situe clairement après minuit, période associée au risque cardiovasculaire le plus élevé. Les spécialistes avancent une explication : un coucher tardif perturbe le rythme circadien, l’horloge biologique interne synchronisée notamment par la lumière du matin.
Cette désynchronisation peut influer sur :
la pression artérielle,
les hormones du stress,
l’inflammation,
le métabolisme nocturne.
Pourquoi les femmes sont-elles plus concernées ?
L’effet serait particulièrement prononcé chez elles, probablement en raison :
d’une sensibilité endocrine différente,
des variations hormonales importantes autour de la périménopause et de la ménopause,
d’une réponse circadienne potentiellement moins flexible.
Ces pistes restent cependant à confirmer.
“L’heure la plus risquée est celle après minuit”
L’un des auteurs, le Dr David Plans (Université d’Exeter, Royaume-Uni), résume l’enjeu :
« L’heure optimale pour s’endormir semble se situer à un moment précis du cycle de 24 heures du corps, et tout écart peut être préjudiciable. Le moment le plus risqué est après minuit, potentiellement parce qu’il réduit l’exposition à la lumière du matin, essentielle pour réinitialiser l’horloge biologique. »
Les conclusions sont publiées dans l’European Heart Journal, la revue de la Société européenne de cardiologie. L’étude est observationnelle : elle ne prouve pas un lien de causalité, mais elle révèle une tendance solide à ne pas négliger.
À quelle heure devrait-on se coucher pour réduire le risque d’AVC ?
Selon les chercheurs, viser une heure d’endormissement entre 22 h et 22 h 59 serait l’option la plus favorable.
En résumé :
22 h – 23 h : créneau optimal
Après minuit : +25 % de risque
23 h – minuit : +12 %
Avant 22 h : +24 %
Le fil conducteur reste simple : respecter son rythme circadien et garantir une exposition suffisante à la lumière naturelle du matin, essentielle à la santé cardiovasculaire.
Une piste simple pour prévenir l’AVC ?
L’étude ne prescrit pas une règle universelle, mais elle propose un repère clair et facile à appliquer. Stabiliser son heure de coucher, éviter les nuits très tardives et protéger son horloge biologique apparaissent comme des leviers simples pour réduire son risque cardiovasculaire — particulièrement pour les femmes.
Alors, demain soir, à quelle heure éteindrez-vous la lumière ?
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