Intelligence artificielle : comment reconnaître une voix générée par IA ? Les indices qui ne trompent plus

9 applications pour savoir si un texte a été réalisé par intelligence artificielle

L’intelligence artificielle progresse à une vitesse fulgurante, au point que beaucoup d’entre nous sont désormais incapables de distinguer une voix humaine d’une voix générée par l’IA. Plusieurs études montrent d’ailleurs que la plupart des gens se trompent lorsqu’on leur demande d’identifier une voix synthétique.

Cette confusion n’est pas anodine. Lorsqu’on ne distingue plus le vrai du faux dans une vidéo ou une conversation, on devient plus vulnérable aux manipulations, aux campagnes de désinformation… et parfois, à des contenus nourrissant des stéréotypes racistes ou discriminatoires.

Mais une piste semble fiable pour déceler l’IA derrière un visage ou une scène : écouter attentivement les voix.

Des experts ont analysé les particularités des voix artificielles — notamment celles produites par Sora, l’outil vidéo d’OpenAI — et expliquent pourquoi l’audio demeure l’un des indices les plus révélateurs. Voici ce qu’il faut savoir.

1. Une énergie artificielle : les voix “trop rapides” ou “surexcitées”

Les humains parlent avec un rythme naturel : certaines syllabes traînent, d’autres accélèrent.

Les voix générées par l’IA, en revanche, semblent souvent… surexcitées.

Jeremy Carrasco, spécialiste de la détection de deepfakes sur les réseaux sociaux, remarque que les vidéos produites par Sora ont souvent un ton :

  • trop énergique,

  • trop rapide,

  • trop dense en mots,

  • comme si la voix avait bu « cinq cafés d’affilée ».

On y trouve un flot de paroles compressé, sans respiration naturelle. Même OpenAI reconnaît que ce défaut est un signe distinctif : Bill Peeples, responsable de Sora, admet que l’IA génère un “schéma vocal légèrement nerveux” où les mots s’enchaînent à toute vitesse.

2. Des sons “mangés”, déformés ou impossibles pour un être humain

Un autre indice majeur : l’absence de coarticulation, un phénomène naturel où les sons se mélangent légèrement lorsque notre bouche passe d’une position à une autre.

Melissa Baese-Berk, linguiste à l’Université de Chicago, explique que beaucoup de voix IA :

  • “avalent” certaines syllabes,

  • produisent des transitions trop nettes entre deux sons,

  • génèrent une texture vocale “robotique” impossible à reproduire humainement.

Elle cite l’exemple viral d’une vidéo IA où une femme appelle un inconnu “husband”. La fin du mot, “band”, sonnait “bizarrement plate”, comme si les mouvements naturels de la langue et des lèvres avaient été supprimés.

Une voix humaine ne peut pas articuler ainsi. L’IA, si.

Migüel Jetté, vice-président IA chez Rev, ajoute que les systèmes de synthèse vocale :

  • prédisent les prononciations les plus probables,

  • mais peinent à enchaîner les mots de façon fluide,

  • alternant entre sur-articulation (“did you”) et fusion brutale des sons (“didja”).

3. Des mots mal prononcés ou placés au mauvais moment

Lorsque l’IA rencontre un mot peu fréquent, un nom propre ou un terme rare… elle peut se tromper.

Carrasco note que certains modèles, comme Veo de Google, ont tendance à :

  • inverser des mots,

  • attribuer une phrase au mauvais personnage,

  • ou prononcer maladroitement un terme inhabituel.

Ces erreurs trahissent immédiatement un contenu artificiel.

4. Des émotions… trop émotionnelles

Contrairement à l’idée reçue, les voix IA ne sonnent plus froides et métalliques.
Le problème, aujourd’hui, est plutôt l’inverse : elles jouent trop mal.

Dans une étude menée en 2025, les participants identifiaient correctement les voix IA seulement 55 % du temps — presque du hasard. Les plus grandes confusions se produisaient avec les voix IA qui semblaient… en colère.

Camila Bruder, co-autrice de l’étude, explique que :

  • un excès d’émotion (“Wow ! Incroyable !”)

  • ou une colère caricaturale

  • peuvent facilement trahir une voix synthétique.

L’IA réagit souvent comme un mauvais acteur, surjouant les émotions sans cohérence avec la scène.

Carrasco cite un exemple célèbre : une vidéo IA où des poissons tombent du ciel. On y entend une femme s’exclamer :

“Ils sont des poissons, ce sont vraiment des poissons !”

Un commentaire absurde et improbable en situation réelle.
Un être humain, confronté à un phénomène aussi étrange, aurait probablement réagi par un choc silencieux ou un juron spontané — pas par une redite descriptive.

Il compare cela à une vidéo authentique montrant un camionneur assistant à un crash aérien : l’homme reste muet, la bouche ouverte, sidéré.

5. Les mouvements de bouche qui ne correspondent pas au son

Enfin, un indice visuel peut confirmer le doute auditif :

« Si les lèvres ne sont pas parfaitement synchronisées avec l’audio… c’est un signe très fort d’IA », explique Jetté.

Les générateurs vidéo ont encore du mal à coordonner lèvres et paroles avec la précision d’un véritable être humain.

Des indices utiles… mais pas infaillibles

Ces signes — voix trop rapide, sons anormaux, émotions inappropriées, mauvais lip-sync — permettent de repérer un grand nombre de vidéos générées par IA.

Mais les technologies progressent tellement vite que rien ne garantit que ces astuces resteront valables longtemps.

Plus les modèles s’améliorent, plus la frontière entre réalité et synthèse devient floue — rendant la vigilance du public absolument essentielle.


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