La dépression : une réalité méconnue et comment éviter de succomber à ses griffes

Baisse de l’humeur, désintérêt pour des activités habituellement sources de plaisir,  sentiment de culpabilité et/ou baisse de l’estime de soi. La dépression est une maladie qui touche l’humeur et engendre une tristesse profonde et persistante, parfois sans cause apparente.

En Afrique, comme partout dans le monde, cette maladie est bien présente, malgré la négligence et le déni général qui l’entourent. C’est le cas de l’humoriste ivoirien Ange Freddy qui nous livre un témoignage poignant sur sa bataille contre la dépression et le burn-out.

« Ce que les gens négligent parce qu’ils se disent qu’on est en Afrique, c’est la dépression. Elle survient à n’importe quel moment. Elle peut prendre tout le monde. Même si je ne le montre pas beaucoup, je suis très sensible donc beaucoup de choses m’affectent, » a-t-il déclaré.

Loin des feux de la rampe et du rire contagieux qu’il transmet à ses millions d’abonnés sur Facebook et Instagram, Freddy a vécu des moments sombres, exacerbés par une pression professionnelle intense. Durant les années 2020 et 2021, son rythme de travail acharné, produisant 3 à 4 vidéos humoristiques par semaine, l’a conduit à un burn-out.

Le burn-out, un état d’épuisement physique et émotionnel lié au stress au travail, est souvent un prélude à la dépression. Il est important de le reconnaître et de prendre les mesures nécessaires pour éviter une spirale descendante.

L’éclatement de son équipe et le blocage d’un contrat pendant cinq mois, de décembre à avril, une période qu’il décrit comme « chaude », ont ajouté à la pression sur Ange Freddy. Dans ces moments, il est crucial de rechercher un soutien et des moyens de résilience, comme Freddy l’a fait.

Grâce aux conseils de la personnalité publique Edith Brou, de sa femme, et à la positivité qu’il a développée, il a réussi à tenir le coup. Ce soutien social est souvent vital pour éviter de succomber à la dépression. Le fait de partager ses sentiments et ses expériences avec des personnes de confiance peut aider à alléger le fardeau émotionnel.

En dépit de ces épreuves, Freddy n’a pas perdu de vue son amour pour l’humour, le public qui l’a porté au succès, et la reconnaissance qu’il a reçue à travers plusieurs distinctions. Il a aussi compris l’importance de la gratitude, en remerciant sa communauté, car « il leur doit son succès. »

La dépression, qu’est-ce que c’est ?

La dépression est une maladie qui se caractérise notamment par une grande tristesse, un sentiment de désespoir (humeur dépressive), une perte de motivation et de facultés de décision, une diminution du sentiment de plaisir, des troubles alimentaires et du sommeil, des pensées morbides et l’impression de ne pas avoir de valeur en tant qu’individu.

Dans le milieu médical, le terme dépression majeure est souvent employé pour désigner cette maladie. La dépression survient généralement sous forme de périodes dépressives qui peuvent durer des semaines, des mois voire des années. Selon l’intensité des symptômes, la dépression sera qualifiée de légère, modérée ou majeur (grave). Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide.

La dépression affecte l’humeur, les pensées et le comportement, mais aussi le corps. La dépression peut s’exprimer dans le corps par un mal de dos, des maux de ventre, de tête ; Cela explique aussi qu’une personne qui souffre de dépression puisse se révéler plus vulnérable aux rhumes et aux autres infections, son système immunitaire étant affaibli.

Déprime ou dépression ?

Le terme « dépression », encore tabou il n’y a pas si longtemps, est souvent employé à tort dans le langage courant pour décrire les inévitables périodes de tristesse, d’ennui et de mélancolie que tous sont appelés à vivre à un moment ou à un autre sans qu’il s’agisse pour autant d’une maladie.

Par exemple, être triste après la perte d’un proche ou avoir un sentiment d’échec en cas de problèmes au travail est normal. Mais lorsque ces états d’âme reviennent chaque jour sans raison particulière ou persistent longtemps même avec une cause identifiable, il peut s’agir d’une dépression. La dépression est en fait une maladie chronique, répondant à des critères diagnostiques bien précis.

Outre la tristesse, la personne dépressive entretient des pensées négatives et dévalorisantes : « je suis vraiment nul », « je n’y arriverai jamais », « je déteste ce que je suis ». Elle se sent sans valeur et a du mal à se projeter dans l’avenir. Elle n’a plus d’intérêt pour des activités autrefois appréciées.

Les causes de la dépression

On ne sait pas avec précision ce qui cause la dépression, mais il s’agit probablement d’une maladie complexe faisant intervenir plusieurs facteurs liés à l’hérédité, à la biologie, aux événements de la vie ainsi qu’au milieu et aux habitudes de vie.

Génétique

À la suite d’études réalisées à long terme sur des familles ainsi que sur des jumeaux (séparés ou non à la naissance), on a pu démontrer que la dépression comporte une certaine composante génétique, bien que l’on n’ait pas identifié de gènes précis impliqués dans cette maladie. Ainsi, des antécédents de dépression dans la famille peuvent être un facteur de risque.

Biologie

Bien que la biologie du cerveau soit complexe, on observe chez les personnes dépressives un déficit ou un déséquilibre de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine. Ces déséquilibres perturbent la communication entre les neurones. D’autres problèmes, comme une perturbation hormonale (hypothyroïdie, prise de pilule contraceptive par exemple), peuvent aussi contribuer à la dépression.

Milieu et habitudes de vie

Les mauvaises habitudes de vie (tabagisme, alcoolisme, peu d’activité physique, excès de télévision88 ou de jeux vidéo, etc.) et les conditions de vie (conditions économiques précaires, stress, isolement social) sont susceptibles de nuire profondément à l’état psychologique. Par exemple, l’accumulation de stress au travail peut mener à l’épuisement professionnel et, à terme, à la dépression.

Événements de la vie

La perte d’un proche, un divorce, une maladie, la perte de son emploi ou tout autre traumatisme peut déclencher une dépression chez les personnes prédisposées à la maladie. De même, les mauvais traitements ou les traumatismes vécus dans l’enfance rendent plus sensibles à la dépression à l’âge adulte, notamment parce qu’ils perturbent durablement le fonctionnement de certains gènes liés au stress.

Les symptômes de la dépression

Selon la définition du DSM4-R, la caractéristique principale d’une dépression est :

  • une humeur dépressive ;
  • avec une perte d’intérêt ou de plaisir pour quasiment toutes les activités ;
  • d’une durée d’au moins deux semaines.

Chez un enfant ou un adolescent dépressif, on peut observer parfois plutôt de l’irritabilité que de la tristesse. Pour que la dépression soit effective, que le diagnostic soit fait, la personne doit de surcroît présenter au moins quatre symptômes supplémentaires :

  • un changement de l’appétit ou du poids, du sommeil et de l’activité psychomotrice ;
  • une réduction de l’énergie ;
  • des idées de dévalorisation ou de culpabilité ;
  • des difficultés à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions.

D’autres symptômes peuvent être présents :

  • une attitude agressive inhabituelle ou une grande irritabilité ;
  • une sensibilité émotionnelle excessive (un rien provoque des larmes) ;
  • une agitation, avec impossibilité de rester assis, déambulation, tortillement des mains, manipulation et friction de la peau, des vêtements ou d’autres objets) ou au contraire l’impression de penser et d’agir « au ralenti » ;
  • une baisse de la libido ;
  • des maux de tête, des douleurs au ventre ou au dos ;
  • un sentiment de vide ;
  • une impression de ne plus rien ressentir.

Ces symptômes de dépression sont accompagnés d’une souffrance significative ou d’une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

Quels sont les traitements pour soigner une dépression ?

La volonté seule ne suffit pas à sortir d’une dépression comme elle provoque des pensées négatives de soi. Le traitement de la dépression comporte deux volets complémentaires (médicamenteux et psychologique) et intervient à deux niveaux : sur le cerveau grâce aux médicaments, et sur le psychisme grâce à la parole. Il est parfois long, afin d’éviter le risque de récidive. De nombreuses études ont confirmé l’efficacité pour 80 % des malades de l’association médicaments-psychothérapie. De plus, la dépression étant complexe, il n’existe pas une seule méthode. La prise en charge dépend notamment de la gravité de la dépression. Une dépression légère ne sera pas traitée de la même façon qu’une dépression sévère et encore moins qu’une dépression résistante. Elle dépend également du souhait de la personne déprimée et de la personnalité. C’est au cas par cas.

Le traitement psychologique de la dépression

Travailler sur soi permet d’identifier les causes de la maladie, d’accompagner la guérison et d’éviter les rechutes. « De nombreuses études ont prouvé l’efficacité de cette thérapie, assure le Dr. Lemoine. Elle apporte une écoute bienveillante, permet de mettre des mots sur la douleur et de lutter contre les pensées négatives et auto-dévalorisantes. » Les séances doivent être régulières, de l’ordre d’une à deux séances par semaine pendant plusieurs mois selon l’importance des symptômes.

Le traitement médicamenteux de la dépression

« Dans 60 % des cas, les états dépressifs sont traités par la prise d’antidépresseurs« , précise le Dr Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon. Il s’agit de psychotropes dont le rôle est de faire disparaître les troubles de l’humeur. Dans le cas d’une dépression majeure, leur prise peut être recommandée. « Ils apportent un soulagement au bout de deux à trois semaines de prise, précise le Dr. Lemoine. Mais parce qu’ils ont des effets secondaires importants (troubles du rythme cardiaque, troubles sexuels, vertiges…), ils ne sont prescrits que pour une période, n’excédant pas 4 à 6 mois« . A savoir : le médecin peut prescrire en début de traitement un médicament anxiolytique pour diminuer les angoisses associées à la dépression. Il s’agit d’une prescription temporaire. De fait, les anxiolytiques ne doivent pas être pris pendant plus de quelques semaines. Au-delà, leur action est diminuée et le risque de dépendance physique est réel.

Les traitements naturels de la dépression

Les conseils ci-dessous ne remplacent pas l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien. Si les symptômes perdurent ou s’ils s’aggravent, il faut alors consulter rapidement son médecin traitant. Le Millepertuis est un antidépresseur naturel, utilisé dans les cas de fatigue chronique et comme régulateur d’humeur. Plusieurs études en placebo double-aveugle comparent même le millepertuis à certains antidépresseurs synthétiques, les effets indésirables en moins. La rhodiole favorise la concentration. Elle agit sur la fatigue cérébrale en stimulant les fonctions cognitives et sur la fatigue physique en améliorant le tonus. Elle atténue également l’anxiété et la dépression légère, lutte contre la fatigue générée par le stress. Une étude réalisée en 2005 a comparé les effets du safran au Prozac et en a déduit qu’elle était tout aussi efficace, les effets secondaires en moins ! La raison ? Elle possède deux substances, le safranal et la crocine, qui stimuleraient la production de sérotonine, un neurotransmetteur dont le rôle est d’équilibrer le système émotionnel. Une demi-pincée suffit pour bénéficier de ses effets antidépresseurs.

Comment prévenir la dépression ?

Parmi les solutions pour se sentir mieux et éviter la dépression :

  • Adopter un mode de vie sain : pratiquer un sport, une activité de relaxation (méditation, yoga…), respecter ses cycles de sommeil et manger de façon équilibrée peuvent être un premier rempart contre la dépression.
  • Sortir tous les jours, afin de vous exposer à la lumière naturelle du jour
  • Avoir une vie sociale riche. Que ce soit entre amis ou en famille, les liens sociaux sont très importants pur la bonne santé mentale.
  • Consulter dès les premiers signes de tristesse. Prenez rendez-vous chez un psychologue, un psychothérapeute ou un psychanalyste afin de désamorcer rapidement les premiers symptômes. Le bouche-à-oreille vous permettra de trouver un bon praticien.

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