Le prince de la kora, Sidiki Diabaté, fait à nouveau les gros titres en Côte d’Ivoire. L’artiste malien, connu pour ses mélodies envoûtantes fusionnant tradition mandingue et rythmes modernes, a annoncé un méga-concert hommage au président Alassane Ouattara, prévu pour le 18 octobre 2025 au Stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Si l’événement promet d’être une soirée historique de musique et d’unité nationale, il suscite déjà une vive polémique parmi les mélomanes ivoiriens, ravivant de vieilles tensions nées de déclarations controversées de l’artiste.
Un retour attendu, mais sous tension
C’est une première depuis plusieurs mois : Sidiki Diabaté, superstar malienne de 32 ans et fils du légendaire Toumani Diabaté (décédé en 2024), va retrouver son public ivoirien après une absence prolongée. Dans une publication sur ses réseaux sociaux, l’artiste a teasé l’événement avec enthousiasme : « Côte d’Ivoire, préparez-vous. Le 18 octobre 2025, au Stade Félix Houphouët-Boigny. Je lance un méga concert hommage pour son Excellence le Président Alassane Ouattara. Une soirée historique, de musique, d’émotions et d’unité. » Les billets, mis en vente dès demain, devraient s’écouler rapidement, compte tenu de la popularité de Sidiki en Afrique de l’Ouest.
Pourtant, cette annonce tombe mal. Elle intervient dans un contexte électoral tendu en Côte d’Ivoire, où le président Ouattara brigue un quatrième mandat. Certains observateurs y voient une initiative partisane, surtout que l’événement coïncide avec la période de campagne. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour dénoncer un « concert politique » déguisé, accusant l’artiste de s’impliquer dans les affaires internes ivoiriennes.
Les racines d’une polémique récurrente
La controverse n’est pas nouvelle. Tout remonte à une ancienne vidéo, exhumée récemment par les internautes, dans laquelle Sidiki Diabaté affirmait avec un sourire espiègle : « Je suis le plus fort des artistes ivoiriens. »
Prononcée il y a plusieurs mois, cette déclaration, présentée par l’artiste comme un trait d’humour, a été perçue comme arrogante et irrespectueuse envers les talents locaux, tels que Magic System, Yodé et Siro ou encore encore les rappeurs d’Abidjan. À l’époque, elle avait déjà provoqué une vague de critiques, alimentant les tensions entre la scène musicale malienne et ivoirienne.
Sidiki Diabaté, qui a longtemps vécu en Côte d’Ivoire et la considère comme un « pays de cœur », s’était déjà excusé publiquement en juillet 2025 pour ces propos. Dans une vidéo postée sur Facebook, il avait déclaré : « Jamais je ne pourrais manquer de respect à mes frères et sœurs ivoiriens, ni aux artistes ivoiriens. La Côte d’Ivoire, c’est chez moi. Elle est dans mon sang, et pour toujours. » Ces excuses avaient apaisé une partie des tensions, mais l’annonce du concert hommage ravive les braises.
Des fans indignés estiment qu’un artiste malien n’a pas sa place pour rendre hommage au chef de l’État ivoirien, surtout après avoir « nargué » les artistes locaux. « Pourquoi pas un Ivoirien pour honorer notre président ? », s’interroge un internaute sur X (anciennement Twitter).
Réactions et appels au boycott
La polémique a rapidement envahi les réseaux sociaux et les médias ivoiriens. Des figures comme l’humoriste et influenceur Camille Makosso ont tenté de calmer le jeu, plaidant pour le pardon en rappelant les liens d’amitié entre Sidiki et la scène ivoirienne – notamment avec le défunt DJ Arafat, dont l’artiste malien était proche. Makosso, qui a lui-même bénéficié du soutien de Sidiki lors d’un événement à Bamako, a qualifié l’incident de « malentendu humoristique ».
Malgré cela, des appels au boycott circulent. Certains mélomanes jurent de ne pas se déplacer au Stade Félix Houphouët-Boigny, arguant que l’événement confirme l’arrogance présumée de l’artiste. D’autres, plus modérés, soulignent l’apport culturel de Sidiki Diabaté en Côte d’Ivoire, où il a produit plusieurs albums et collaboré avec des artistes locaux. Sa musique, qui mélange kora traditionnelle, afrobeat et R&B, a conquis des millions de fans, y compris en terre ivoirienne.
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