Allan Petre, originaire de Seine-Saint-Denis en France, a été sélectionné pour intégrer la célèbre agence spatiale américaine, la NASA, en tant qu’ingénieur.
Avec son parcours hors du commun, le jeune homme fait déjà beaucoup de bruit, même dans les plus hautes sphères de l’État.
Beaucoup de travail et un peu de culot. C’est ainsi qu’Allan Petre, 24 ans, a réalisé son rêve de rejoindre la NASA. En janvier 2024, ce jeune homme originaire de Seine-Saint-Denis s’est installé en Californie pour travailler comme ingénieur pour l’agence spatiale américaine.
Une carrière extraordinaire qui inspire l’admiration, même dans les plus hautes sphères de l’État. « Vous êtes la preuve qu’il faut croire en ses rêves », a félicité Emmanuel Macron, tandis que Bruno Le Maire, qui l’a reçu à Bercy, voit en lui « un véritable modèle de réussite ».
Passionné d’aérospatiale depuis son plus jeune âge, Allan Petre a passé des heures à « regarder des vidéos de Neil Armstrong et d’Apollo », a-t-il déclaré au Parisien. Cependant, lors de ses premières années d’études, il s’oriente vers un DUT en gestion des affaires et de l’administration, loin de son rêve. Après avoir terminé sa première année, il a décidé de se réorienter vers son domaine de prédilection, considérant que « c’est maintenant ou jamais ».
À 17 ans pourtant, ses professeurs lui déconseillent de s’orienter vers le secteur aérospatial qu’ils jugent « trop sélectif ». Il commence alors un diplôme universitaire de technologie en gestion des entreprises et des administrations qu’il ne termine pas. « La formation ne me correspondait pas, je ne me sentais pas à ma place ».
Ses parents l’incitent à ne pas lâcher pour les mêmes raisons que ses professeurs. Mais il s’obstine et s’inscrit dans un nouveau diplôme technique en génie thermique et énergétique de l’Université Paris-Nanterre (Ville-d’Avray). Le diplôme lui semble plus adapté pour espérer intégrer une grande école d’ingénieurs.
Il faut pourtant compter deux heures de transports aller et deux heures de transports retour, tout en travaillant comme vendeur chez Hugo Boss le week-end. Il tenait à financer ses études seul.
Les efforts payent : Allan Petre est admis à un double diplôme d’ingénieur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et à l’Ecole nationale supérieure de mécanique et d’Aérotechnique (ISAE-ENSMA).
Une scolarité excellente
Il décroche en même temps une alternance chez ArianeGroup, leader européen des lanceurs spatiaux. « C’était vraiment une grande joie et puis aussi une revanche ». Succès mérité, sa scolarité est excellente et il termine dans les trois premiers de sa promotion avant de partir réaliser un stage auprès d’un chercheur en astrophysique à l’Université de Floride.
« J’ai énormément appris sur la théorie et j’ai pu renforcer mon anglais, indispensable pour prétendre travailler un jour à la Nasa ». Ce stage, il l’a obtenu seul en contactant le chercheur « au culot ». C’est aussi « au culot » qu’il contacte l’agence spatiale américaine par l’intermédiaire d’une de ses chercheuses dont les travaux l’intéressaient.
Alan Petre raconte pourtant que la plateforme de candidature de la Nasa n’est accessible qu’aux Américains. « Mais sous certaines conditions et si un membre de la Nasa a un intérêt fort pour un profil, une dérogation peut exister ». Il passe alors des épreuves de sélection dont il ne peut pas parler, la Nasa ne souhaitant pas en révéler les modalités.
« La case Nasa est cochée »
Le jeune diplômé passe l’obstacle avec brio et est engagé « pour un premier contrat de six mois qui commencera en janvier 2024. » C’est le deuxième élève à réussir un tel exploit depuis la création de son école. Le précédent, entré en 2009, y travaille encore. « Les Français qui sont à la Nasa ne sont pas nombreux et peu sont aussi jeunes que moi ».
Il intégrera donc le Jet Propulsion Laboratory pour travailler sur les prochaines missions de l’agence spatiale. « Je ne l’aurais jamais cru si on me l’avait dit il y a quelques années ». Pour lui, « la case Nasa est cochée ». La suivante ? « Devenir astronaute et aller dans l’espace, mais pour ça, il faut encore du temps », rêve Allan Petre.
À Bruno Le Maire qui lui demande ce qui « pourrait manquer au département du 93 », il a répondu : « Parfois, ce qui est difficile, ce sont les autres. Ils essayent de vous tirer vers le bas. » Considérant avoir bénéficié d’un bon système éducatif dans son département – « il n’y a pas de différences » -, il reconnaît néanmoins qu’« il y a encore beaucoup de pauvretés et de stéréotypes. » Pour un jeune du 93, « c’est plus difficile de continuer ses études », concède-t-il.
Un message positif pour les jeunes
Le plus important pour lui est désormais de porter un message. « Les opportunités ne viennent pas toujours directement à nous, il faut aussi les créer ». Allan Petre a envie de penser que son actuelle médiatisation motivera d’autres jeunes à réaliser un jour ce qu’ils souhaitent faire, « peu importent leurs origines sociales », ajoute-t-il, optimiste.
« Je préfère être le premier Allan Petre que le deuxième Thomas Pesquet »
Après de nombreux entretiens réussis, Allan Petre a rejoind le Jet Propulsion Laboratory, « pour travailler en planétologie sur les prochaines missions de la NASA, Veritas et Da Vinci+, qui seront des sondes interplanétaires envoyées sur Vénus », explique-t-il.
Bien qu’il avoue ne pas encore se rendre compte de ce qui se passe, le jeune homme continue de rêver : « Je pense devenir astronaute, comme tout ingénieur diplômé en aérospatiale », explique-t-il au média Booska-P. Aller dans l’espace est aussi un rêve, alors je ferai tout ce que je peux pour y arriver.
Mais il n’est pas question de le voir comme le prochain Thomas Pesquet : « Je préfère être le premier Allan Petre que le second Thomas Pesquet », insiste-t-il. Une chose est sûre, le grand voyage d’Allan Petre ne fait que commencer.
Voici une vidéo de sa récente interview sur RFI