Gabon : Noureddin Bongo, le fils d’Ali Bongo écroué pour “haute trahison” et “corruption active”

Trois semaines après le renversement de l’ancien président du Gabon, Ali Bongo, par un coup d’État, des développements judiciaires majeurs surgissent dans la nation d’Afrique centrale.

Ce mercredi 20 septembre, une annonce significative a été faite par le procureur de Libreville, mettant en lumière l’état actuel de l’enquête sur les agissements du régime précédent.

Noureddin Bongo Valentin et d’autres proches en détention

Dans ce qui peut être qualifié de coup de filet majeur, Noureddin Bongo Valentin, le fils aîné d’Ali Bongo, et plusieurs individus clés du cabinet précédent ont été mis en examen et incarcérés sur des chefs d’accusation très graves, incluant “la haute trahison” et “la corruption active”.

Ces actions judiciaires surviennent trois semaines seulement après le renversement d’Ali Bongo, marquant une escalade rapide dans les efforts pour tenir l’ancien régime pour responsable.

Détails sur les accusations portées

André-Patrick Roponat, le procureur de Libreville, a partagé des détails substantiels sur les inculpations lors d’une déclaration à l’AFP. Il a noté que toutes les accusations initiales portées au moment de l’arrestation ont été retenues pour la mise en examen.

Celles-ci comprennent non seulement la haute trahison et la corruption active, mais s’étendent également à des chefs d’accusation tels que :

  • Détournements massifs des deniers publics
  • Malversations financières internationales en bande organisée
  • Faux et usage de faux
  • Falsification de la signature du président de la République
  • Trafic de stupéfiants

Ces accusations graves pointent vers une série de comportements criminels qui se seraient déroulés à un niveau élevé du gouvernement.

Contexte du coup d’État

Pour comprendre la gravité de cette situation, il est essentiel de revenir sur les événements qui ont conduit à ce point. Le 30 août, dans les heures suivant l’annonce de la réélection d’Ali Bongo — au pouvoir depuis 2009 et déjà sous le feu des critiques pour des allégations de fraudes massives — une faction militaire dirigée par le général Brice Oligui Nguema a renversé le régime.

Les accusations portées contre l’administration de Bongo incluaient des “détournements massifs” de fonds publics, mettant en lumière une corruption profondément enracinée.

Ali Bongo, “libre de ses mouvements”

Le jour même du coup d’État, les militaires avaient arrêté l’un des fils du chef de l’État déchu, ainsi que cinq autres jeunes hauts responsables du cabinet de l’ex-président et de son épouse Sylvia Bongo Valentin.

Les perquisitions à leurs domiciles, retransmises abondamment par la télévision d’État, les montraient aux pieds de malles, valises et sacs débordants de liasses de billets de banque.

Sylvia Bongo Valentin est en résidence surveillée à Libreville “pour sa protection”, selon la présidence. “Nous n’avons aucune nouvelle de Mme Valentin qui est maintenue au secret en dehors de tout cadre légal.

Cette situation est injustifiable et incompatible avec un État de droit. Nous avons déposé plainte contre les responsables de ce qui apparaît comme une prise d’otage”, a déclaré, mercredi, à l’AFP, l’un de ses avocats à Paris, Me François Zimeray.

Ali Bongo, d’abord placé en résidence surveillée à Libreville, la capitale du Gabon est “libre de ses mouvements” et peut “se rendre à l’étranger”, avait annoncé le général Oligui le 6 septembre.

Enquête sur les “biens mal acquis”

Le 13 septembre, le général Brice Oligui Nguema, désigné président de transition, a annoncé une commission d’enquête sur les marchés publics pour traquer les “fraudes”.

Après le putsch, l’ancien aide de camp d’Omar Bongo – ancien président du Gabon et qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant plus de 40 ans –, avait immédiatement sommé les patrons pratiquant la “surfacturation” contre des rétrocommissions versées aux hauts responsables du pouvoir déchu de “stopper ces manœuvres” dans les passations de marchés publics, lors d’un discours menaçant devant 200 à 300 chefs d’entreprise gabonaises “convoqués” à la présidence.

Quelques jours plus tard, il tançait publiquement des centaines de hauts fonctionnaires et cadres du secteur public : “Venez de vous-même restituer les fonds détournés sous 48 heures sinon nous viendrons vous chercher et vous verrez la différence”, avait-il déclaré.

À la suite d’une plainte d’ONG en 2007, des juges anticorruption parisiens se sont penchés sur des soupçons de détournements de fonds publics ayant permis notamment à la famille Bongo d’acquérir un patrimoine considérable en France.

Plusieurs membres de la famille Bongo, d’Omar, le défunt père, à Ali, le fils, en passant par d’autres proches, notamment sa fille Pascaline, sont suspectés d’avoir bénéficié d’un important patrimoine immobilier “frauduleusement” acquis et évalué par la justice “à 85 millions d’euros”.

Neuf enfants d’Omar Bongo sont mis en examen en France, notamment pour recel de détournement de fonds publics dans le cadre de l’enquête sur les “biens mal acquis”.

Le Gabon, dirigé par la famille Bongo depuis 1967, où Ali Bongo avait succédé à son père Omar à sa mort en 2009, est souvent dénoncé pour l’ampleur de la corruption qui s’y pratique. Le pays est classé 136e sur 180 pour la perception de la corruption par Transparency International (2022).

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