Gervais Koffi Djondo : L’Homme qui a Brisé les Murs de l’Imposé pour Bâtir l’Impossible

Gervais Koffi Djondo L’Homme qui a Brisé les Murs de l’Imposé pour Bâtir l’Impossible

Dans un monde où les rêves sont souvent étouffés par les conventions et les limitations imposées, certains individus se dressent comme des phares, éclairant le chemin de l’audace et de la transformation. Gervais Koffi Djondo, né en 1934 à Bas-Mono, au Togo, est l’un de ces rares visionnaires. Sans tambour ni trompette, il a redéfini ce que signifie être un bâtisseur en Afrique, un continent qu’il a doté d’ailes économiques et d’ambitions sans frontières.

Ce portrait retrace le parcours d’un homme dont la vie incarne une leçon universelle : l’action constante, portée par une vision inflexible, peut transformer l’impossible en réalité.

Gervais Koffi Djondo  L’Homme qui a Brisé les Murs de l’Imposé pour Bâtir l’Impossible

Les Racines d’un Visionnaire

Gervais Koffi Djondo voit le jour dans un Togo en pleine construction, au cœur d’une Afrique fragmentée par les héritages coloniaux. Dans ce contexte, les opportunités sont rares, et les aspirations des Africains souvent bridées par des systèmes économiques et politiques dominés par l’extérieur.

Pourtant, dès son plus jeune âge, Djondo se distingue par une détermination discrète mais inébranlable. Il commence modestement comme comptable, un métier qui lui enseigne la rigueur et la précision, des qualités qui deviendront les fondations de ses entreprises futures.

Mais Djondo n’est pas homme à se contenter des sentiers battus. Syndicaliste dans l’âme, il défend les droits des travailleurs avant de partir à Paris pour parfaire ses études. Ce séjour en France, loin de l’éloigner de ses racines, renforce son attachement à son continent.

De retour au Togo, il gravit les échelons : préfet de Lomé, directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), puis ministre. Ces rôles, bien que prestigieux, ne suffisent pas à contenir son ambition. Djondo n’est pas un simple administrateur ; il est un visionnaire qui rêve d’une Afrique souveraine, économiquement indépendante et fière.

Ecobank : Une Révolution Bancaire Silencieuse

En 1985, à une époque où les banques étrangères – françaises, britanniques, américaines – règnent en maîtres sur le secteur financier africain, Gervais Koffi Djondo ose poser une question subversive : « Pourquoi nos entreprises doivent-elles naître colonisées ? Pourquoi un entrepreneur africain doit supplier pour ouvrir un compte ? » Cette interrogation, simple en apparence, révèle une injustice profonde : l’absence d’un système bancaire conçu pour les Africains, par les Africains.

Avec une poignée de partenaires, Djondo cofonde Ecobank, une institution panafricaine qui défie les monopoles étrangers. L’idée est audacieuse, presque inconcevable à l’époque.

Les obstacles sont immenses : méfiance des gouvernements, scepticisme des investisseurs, concurrence écrasante des géants internationaux. Pourtant, Djondo ne se décourage pas. Il ne quémande pas l’inclusion ; il impose une alternative.

Une anecdote illustre son approche : face à un ministre réticent à autoriser Ecobank dans son pays, Djondo déclare avec assurance : « Tu veux protéger ta petite banque locale ? Moi, je protège ton peuple. » Cette phrase, prononcée sans arrogance mais avec une conviction irréfutable, désarme son interlocuteur. Le feu vert est obtenu, non par des compromis, mais par la force d’une vision qui transcende les intérêts étroits.

Aujourd’hui, Ecobank est présente dans plus de 36 pays africains, gère des milliards de dollars et emploie des milliers de personnes. Elle est devenue un pilier de l’économie africaine, offrant aux entrepreneurs locaux les outils financiers nécessaires pour prospérer. Ce succès n’est pas seulement celui d’une banque ; c’est celui d’une idée : l’Afrique peut et doit contrôler son destin économique.

ASKY Airlines : Donner des Ailes à l’Afrique

En 2010, Djondo, alors septuagénaire, aurait pu se reposer sur ses lauriers. Mais l’homme n’est pas de ceux qui s’arrêtent. Face à un nouveau problème – la dépendance des Africains envers des compagnies aériennes étrangères pour voyager à l’intérieur de leur propre continent – il pose une nouvelle question : « Pourquoi un Africain doit-il passer par Paris pour aller de Lomé à Dakar ? »

Cette aberration, qui allonge les trajets et gonfle les coûts, est pour Djondo une insulte à la dignité africaine. Il décide de créer ASKY Airlines, une compagnie aérienne panafricaine basée à Lomé. Les critiques fusent : on le traite de « fou », on doute de la viabilité d’un tel projet dans un secteur dominé par des géants mondiaux. Mais Djondo, fidèle à lui-même, ignore les moqueries. Il sait que la liberté de mouvement est essentielle à l’intégration économique et culturelle de l’Afrique.

Aujourd’hui, ASKY transporte plus d’un million de passagers par an, reliant des villes africaines avec efficacité et fierté. La compagnie est devenue un symbole d’autonomie, prouvant qu’une entreprise africaine peut rivaliser avec les meilleurs tout en servant les besoins de son peuple. À travers ASKY, Djondo a littéralement donné des ailes à l’Afrique.

La Bourse Djondo : Bâtir des Générations

Gervais Koffi Djondo ne se contente pas de créer des entreprises ; il veut façonner l’avenir. Conscient que l’Afrique regorge de talents mais manque souvent de capitaux, il lance la Bourse Djondo, une initiative visant à financer les jeunes entrepreneurs. Ce projet reflète sa conviction profonde : le développement de l’Afrique passe par l’autonomisation de ses nouvelles générations.

La Bourse Djondo n’est pas une simple aide financière ; c’est un pari sur l’avenir, une invitation à oser, à innover, à bâtir. En soutenant les jeunes porteurs de projets, Djondo sème les graines d’une Afrique prospère, où chaque individu peut transformer ses idées en réalités concrètes.

Une Pluie de Reconnaissances, un Océan d’Impact

Entre 2017 et 2024, les distinctions affluent : Prix de la CEDEAO, Lifetime Achievement Award, reconnaissance par Afreximbank, titre de « Héros de l’intégration » par BOMA Africa. Ces récompenses, bien qu’impressionnantes, ne sont que la partie visible de l’iceberg.

Ce qui compte vraiment, c’est l’impact. Ecobank a libéré des entrepreneurs des chaînes de la dépendance financière. ASKY a rapproché les Africains les uns des autres. La Bourse Djondo a donné vie à des rêves qui, sans elle, seraient restés lettre morte.

Gervais Koffi Djondo n’a pas cherché la gloire. Il n’a pas crié ses ambitions sur les toits ni supplié pour qu’on lui fasse une place. Il a agi, inlassablement, avec une constance qui force l’admiration. Son héritage ne se mesure pas en trophées, mais en vies transformées, en opportunités créées, en murs brisés.

Une Leçon pour Aujourd’hui

L’histoire de Djondo résonne comme un appel à l’action pour quiconque porte une idée, un rêve, une ambition. Dans un monde où il est facile de se sentir trop petit, trop insignifiant face aux défis, Djondo nous rappelle une vérité essentielle : il n’est pas nécessaire d’attendre la permission pour changer les choses. Il suffit de commencer, là où l’on est, avec ce que l’on a.

Son parcours est une invitation à rejeter les excuses, à défier les conventions, à persévérer face aux doutes. Comme il l’a fait, il nous encourage à imposer l’existence de nos visions par la constance de nos actions. Crée. Lutte. Bâtis. Répète.

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