En 2025, le classement des 10 Africains les plus riches, publié par le prestigieux magazine Forbes, met en lumière la concentration des grandes fortunes africaines dans quatre pays principaux : le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie.
Ce palmarès, dominé sans surprise par le magnat nigérian Aliko Dangote, reflète à la fois la résilience et les dynamiques économiques du continent. Voici une analyse détaillée des milliardaires africains, de leurs fortunes, et des tendances qui façonnent ce classement.
Aliko Dangote : l’incontestable leader africain
Avec une fortune estimée à 23,9 milliards de dollars, Aliko Dangote conserve sa position de l’homme le plus riche d’Afrique pour une nouvelle année consécutive. Ce magnat nigérian, à la tête du groupe Dangote, est le seul Africain à dépasser le seuil des 20 milliards de dollars, une performance qui le distingue nettement de ses pairs.
Son empire, bâti principalement dans le ciment, s’étend également à des secteurs clés comme le sucre, la farine, et plus récemment, le raffinage pétrolier avec la méga-raffinerie de Lekki, au Nigeria. Cette diversification stratégique, couplée à une vision panafricaine, continue de consolider sa domination économique.
Le Nigeria, berceau de Dangote, se distingue également par la présence de deux autres milliardaires dans le top 10 : Mike Adenuga et Abdulsamad Rabiu, occupant respectivement les 5e et 6e places. Adenuga, avec une fortune de 6,8 milliards de dollars, tire sa richesse des télécommunications (Globacom) et du pétrole.
Rabiu, quant à lui, pèse 5,1 milliards de dollars, grâce à son groupe BUA, actif dans le ciment et l’agroalimentaire. Ces trois figures nigérianes illustrent la vitalité économique du pays, malgré ses défis structurels.
L’Afrique du Sud : un bastion de milliardaires
L’Afrique du Sud, deuxième pays le plus représenté dans ce classement, place trois de ses ressortissants parmi les 10 plus riches. Johann Rupert, avec 14 milliards de dollars, occupe la deuxième marche du podium. Ce magnat du luxe, à la tête de Richemont (propriétaire de marques comme Cartier et Montblanc) et de Remgro, bénéficie de la reprise mondiale du secteur du luxe.
En troisième position, Nicky Oppenheimer, héritier de la dynastie De Beers, affiche une fortune de 10,4 milliards de dollars, principalement issue des diamants et des investissements diversifiés.
Enfin, Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football (CAF), ferme la marche du top 10 avec 3 milliards de dollars. Fondateur d’African Rainbow Minerals, Motsepe est un symbole de l’entrepreneuriat noir sud-africain.
Sa présence dans le classement, aux côtés de Rupert et Oppenheimer, souligne la diversité des secteurs porteurs en Afrique du Sud, allant des mines au luxe.
L’Égypte : les frères Sawiris et Mohamed Mansour
L’Égypte contribue également à ce classement avec trois représentants. Nassef Sawiris, 4e avec 9,6 milliards de dollars, est un acteur majeur dans la construction (Orascom) et les engrais (OCI). Son frère, Naguib Sawiris, se classe 7e avec 5 milliards de dollars, grâce à ses investissements dans les télécommunications et les médias.
Enfin, Mohamed Mansour, 9e ex-aequo avec 3,4 milliards de dollars, doit sa fortune à son groupe familial, actif dans l’automobile et les services financiers. Ces trois figures confirment l’importance de l’Égypte comme hub économique en Afrique du Nord.
L’Algérie : Issad Rebrab fait son entrée
L’Algérie marque son retour dans le top 10 avec Issad Rebrab, dont la fortune est estimée à 3 milliards de dollars (10e place, ex-aequo avec Motsepe).
Fondateur de Cevital, le plus grand groupe privé algérien, Rebrab a bâti son empire dans l’agroalimentaire, l’acier et l’électroménager. Sa présence dans le classement témoigne de la résilience des entrepreneurs algériens face aux défis économiques du pays.
Absences remarquées et tendances
L’absence d’Isabel dos Santos, ancienne femme la plus riche d’Afrique, est notable. Autrefois figure incontournable du classement, l’Angolaise a vu sa famille perdre son influence sur des secteurs clés comme le pétrole, suite à des controverses et des changements politiques en Angola. Cette disparition marque un tournant dans le paysage des grandes fortunes africaines.
Un autre point frappant est l’absence d’Ivoiriens dans ce top 10, une constante depuis plusieurs années. Tidjane Thiam, homme d’affaires et figure politique ivoirienne, a promis de faire émerger des milliardaires ivoiriens s’il accède au pouvoir.
Cette ambition reflète le potentiel économique de la Côte d’Ivoire, mais aussi les obstacles structurels qui freinent l’émergence de grandes fortunes dans ce pays.
Classement complet des 10 Africains les plus riches en 2025
Voici le classement détaillé selon Forbes :
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Aliko Dangote (Nigeria) : 23,9 milliards de dollars
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Secteurs : Ciment, pétrole, agroalimentaire
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Johann Rupert (Afrique du Sud) : 14 milliards de dollars
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Secteurs : Luxe, investissements
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Nicky Oppenheimer (Afrique du Sud) : 10,4 milliards de dollars
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Secteurs : Diamants, investissements
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Nassef Sawiris (Égypte) : 9,6 milliards de dollars
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Secteurs : Construction, engrais
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Mike Adenuga (Nigeria) : 6,8 milliards de dollars
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Secteurs : Télécommunications, pétrole
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Abdulsamad Rabiu (Nigeria) : 5,1 milliards de dollars
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Secteurs : Ciment, agroalimentaire
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Naguib Sawiris (Égypte) : 5 milliards de dollars
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Secteurs : Télécommunications, médias
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Koos Bekker (Afrique du Sud) : 3,4 milliards de dollars
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Secteurs : Médias, technologie (Naspers)
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Mohamed Mansour (Égypte) : 3,4 milliards de dollars
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Secteurs : Automobile, services financiers
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Patrice Motsepe (Afrique du Sud) / Issad Rebrab (Algérie) : 3 milliards de dollars
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Secteurs : Mines (Motsepe), agroalimentaire et industrie (Rebrab)
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Analyse : concentration et diversification
Ce classement met en évidence une concentration géographique des richesses, avec le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Égypte et l’Algérie représentant l’ensemble des milliardaires. Les secteurs dominants restent les matières premières (pétrole, mines, ciment), les télécommunications, le luxe et l’agroalimentaire.
Cependant, des figures comme Koos Bekker, avec ses investissements dans la technologie via Naspers, montrent une diversification vers des secteurs à forte croissance.
La domination d’Aliko Dangote, avec une fortune presque double de celle du deuxième, Johann Rupert, illustre également l’écart croissant entre le sommet et le reste du classement.
Cet écart reflète non seulement les opportunités économiques, mais aussi les défis d’accès au capital et aux marchés pour d’autres entrepreneurs africains.