Dimanche dernier, la chanteuse canadienne Grimes a mis en vente une collection numérique d’oeuvres d’art, baptisée « WarNymph », et remporté pas moins de 5,8 millions de dollars à l’issue de la vente. L’une des oeuvres de la collection, représentant un bébé qui garde Mars (ci-dessous), a atteint un prix record, se négociant à elle seule à plus de 300 000 dollars.
Lesdites œuvres d’art sont en réalité certifiées par des NFT, pour Non-fungible token, ou, en français, des jetons non-fongibles. Depuis des semaines, les ventes de ces NFT explosent et atteignent des records. Mais, c’est quoi au juste, un NFT ?
Dropping NFTs tomorrow at 2pm EST. enter the void pic.twitter.com/l9fNFUCheX
— ?????? (@Grimezsz) February 28, 2021
Le NFT est à l’oeuvre d’art ce que le Bitcoin est à la monnaie
Les NFT ont actuellement le vent en poupe. En février, le créateur de Nyan Cat vendait un exemplaire de son travail pour 580 000 dollars, tandis que le crypto-artiste Beeple négociait sa dernière oeuvre, représentant Donald Trump nu allongé dans l’herbe, pour près de 6,6 millions de dollars, un record. Ces NFT sont aujourd’hui devenus incontournables sur le marché de l’art. Mais comment fonctionnent ces items numériques qui se repose, comme le Bitcoin, sur la Blockchain ?
Pour vulgariser au maximum, on peut mettre cela en parallèle avec le jeu vidéo, où on peut généralement acheter des objets virtuels, comme une arme ou encore une armure. Dans un jeu où le développeur multiplierait à l’infini un même item, et où chaque joueur pourrait l’acheter, on serait dans la situation des crypto-monnaies classiques. Sauf que, si le développeur de ce titre hypothétique décidait d’inclure seulement un seul de ces items pour tous les joueurs, celui-ci serait unique et, forcément, sa valeur s’envolerait en raison de la demande.
C’est peu ou prou le même principe avec ces NFT, dont la grande particularité est de ne pas être fongible. Là où un Bitcoin entier pourra être échangé avec un autre Bitcoin entier, et conservera la même valeur, comme lorsqu’on échange un billet de 10 euros contre un autre billet de 10 euros, les NFT disposent d’un identifiant unique qui les différencient les uns des autres.
C’est le cas par exemple sur Sorare, une plateforme qu’on a eu l’occasion de tester. On dit alors qu’ils sont non-fongibles puisqu’ils disposent d’une identité propre, comme une œuvre d’art, et ces jetons virtuels s’échangent en fonction de l’offre et de la demande.
Le fait que les NFT ne soient pas fongibles, c’est aussi la raison pour laquelle ils ne montrent particulièrement adaptés au marché de l’art. La blockchain donne de la valeur à l’item numérique, un certificat d’authenticité numérique inviolable, à l’heure où la question de certifier l’authenticité des œuvres d’art fait débat.
L’objet numérique peut par la suite être échangé sur des plateformes comme Nifty Gateway, là où la plupart de ces nouveaux crypto-artistes proposent leurs oeuvres à la vente. Ce succès reste en tout cas une preuve que la blockchain peut toucher bien d’autres secteurs, à commencer par l’art.
Cela remettrait en tout cas clairement en doute la pensée de Walter Benjamin, célèbre auteur de « L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », qui anticipait déjà la reproduction à l’infini des objets numériques, mais n’avait pas prévu l’émergence de cette technologie d’avenir.