Édith Mala Diop : Première Commandante Ivoirienne sur Boeing 777 ; Une Femme au Sommet de l’Aviation Africaine

Édith Mala Diop est une figure emblématique de l’aviation, non seulement en Côte d’Ivoire, mais également à l’échelle africaine et mondiale. Première femme ivoirienne à devenir commandant de bord sur un Boeing 777, elle incarne la détermination, la résilience et l’excellence dans un domaine historiquement dominé par les hommes.

À 39 ans, son parcours est une source d’inspiration pour les jeunes générations, en particulier les femmes, qui aspirent à briser les plafonds de verre et à réaliser leurs rêves, quelles que soient les barrières.

Ce portrait explore la vie, la carrière et l’impact d’Édith Mala Diop, une femme dont la passion pour l’aviation et l’engagement envers l’excellence ont fait d’elle une véritable pionnière.

Une enfance marquée par l’aviation

Née en 1985 à Abidjan, Édith Mala Diop est le fruit d’un métissage culturel riche : son père, M’Barrick Lucien Diop, est franco-sénégalais, et sa mère, une pharmacienne, est ivoiro-allemande.

Ce mélange d’origines a forgé une identité unique, profondément enracinée en Côte d’Ivoire, où elle a grandi et étudié. Elle se décrit elle-même comme « ivoirienne avant tout », soulignant l’importance de son lien avec Abidjan, la ville qui a façonné une grande partie de sa personnalité.

Dès son plus jeune âge, l’aviation fait partie intégrante de sa vie. Son père, commandant de bord chez Air Afrique, l’emmène souvent avec lui lors de ses vols à travers l’Afrique de l’Ouest.

Ces expériences précoces dans le cockpit, entourée de pilotes et d’équipages, plantent les graines de sa passion pour l’aviation. « J’ai été exposée depuis mon plus jeune âge à cet univers extraordinaire qu’est l’aviation, entourée de pilotes de ligne dont mon père et mes oncles », confie-t-elle dans une interview.

Cependant, ce n’est qu’à l’âge de 10 ans, après le décès prématuré de son père, que sa vocation se cristallise. Ce drame personnel devient un moteur : devenir pilote de ligne pour honorer la mémoire de son père et poursuivre son héritage.

Un parcours académique et professionnel exemplaire

Édith Mala Diop excelle dès ses années scolaires. Élève au lycée français Blaise Pascal à Abidjan, elle obtient en 2004 un baccalauréat scientifique avec mention, démontrant une rigueur intellectuelle qui deviendra une constante dans sa carrière.

Déterminée à réaliser son rêve, elle s’inscrit à l’Institut Aéronautique Amaury de la Grange (IAAG) en France, une école prestigieuse où son père avait également étudié. Elle complète sa formation à l’école de pilotage EPAG, où elle acquiert les compétences nécessaires pour devenir pilote de ligne.

À seulement 21 ans, elle obtient son brevet de pilote, un exploit remarquable qui témoigne de son talent et de sa détermination.

En 2007, à l’âge de 23 ans, Édith retourne en Côte d’Ivoire et est recrutée par Nouvelle Air Ivoire, où elle devient la plus jeune pilote de la compagnie. Initialement affectée au bureau d’études, elle passe rapidement au poste d’Officier Pilote de Ligne (OPL) sur Airbus A320.

Encadrée par d’anciens pilotes d’Air Afrique, dont certains étaient des collègues de son père, elle bénéficie d’un mentorat précieux qui renforce ses compétences et sa confiance.

Cependant, la fermeture d’Air Ivoire en 2011, due à des difficultés financières, marque un tournant. Loin de se décourager, Édith saisit une nouvelle opportunité en rejoignant Sénégal Airlines, où elle passe un an et demi, consolidant son expérience sur Airbus A320.

En 2012, Édith Mala Diop est recrutée par Qatar Airways, l’une des compagnies aériennes les plus prestigieuses au monde. Ce recrutement marque le début d’une nouvelle phase de sa carrière, où elle gravit les échelons avec une rapidité impressionnante.

Qualifiée sur plusieurs types d’appareils, dont les Airbus A320, A330, A340 et, plus tard, le Boeing 777, elle accumule plus de 5 920 heures de vol. Pendant la pandémie de COVID-19, alors que l’industrie aéronautique traverse une crise sans précédent, Édith se distingue en pilotant des avions-cargos, un secteur en forte demande.

Elle devient ainsi la première femme ivoirienne à piloter un avion-cargo, une prouesse qui renforce sa réputation de pionnière.

Une ascension vers le sommet : Commandant de bord

Le 27 juillet 2024, Édith Mala Diop entre dans l’histoire en devenant la première femme ivoirienne à être promue commandant de bord sur un Boeing 777, l’un des avions commerciaux les plus avancés et les plus grands au monde.

Ce vol inaugural, un aller-retour Doha-Riyad-Doha d’une durée de 2 heures et 10 minutes, marque l’aboutissement de douze années de dévouement au sein de Qatar Airways.

En tant que commandant de bord, elle assume la responsabilité ultime de la sécurité des passagers, de l’équipage et de l’avion, tout en coordonnant les opérations de vol, de la météo aux communications avec le contrôle aérien.

Cette promotion est d’autant plus significative qu’elle intervient dans un contexte où les femmes restent sous-représentées dans les postes de commandement dans l’aviation.

Édith Mala Diop, avec ses 2 000 heures de vol sur le Boeing 777 en tant que copilote, a prouvé qu’elle possède les compétences, l’expérience et la maturité nécessaires pour occuper ce poste prestigieux. Son ascension inspire non seulement les femmes africaines, mais aussi l’ensemble de la communauté aéronautique mondiale.

Une femme d’engagement et de valeurs

Au-delà de ses exploits professionnels, Édith Mala Diop est une figure engagée. En 2022, elle est élevée au rang de Chevalier de l’Ordre national par l’État ivoirien, une distinction qui reconnaît sa contribution à l’aviation et son rôle de modèle pour les jeunes.

Elle est également coordinatrice du programme de soutien par les pairs de Qatar Airways, un initiative visant à promouvoir le bien-être mental des équipages, témoignant de son engagement envers ses collègues.

Édith est également membre des African Section 99s, une organisation internationale de femmes pilotes fondée en 1929 par Amelia Earhart. À travers cette plateforme, elle inspire et encourage les jeunes filles à poursuivre des carrières dans l’aviation.

« Je suis fière d’être une inspiration pour de nombreuses jeunes filles à travers les continents », déclare-t-elle sur LinkedIn, soulignant son désir de briser les stéréotypes de genre et de promouvoir l’égalité dans son domaine.

Une vie personnelle ancrée dans l’équilibre

Malgré ses responsabilités professionnelles, Édith Mala Diop s’efforce de mener une vie équilibrée. Mariée à un pilote et mère d’un jeune garçon, elle valorise les moments passés en dehors du cockpit.

« Je m’efforce, après avoir retiré mon uniforme, d’être une femme comme les autres », confie-t-elle. Ses hobbies incluent les activités physiques pour maintenir une bonne hygiène de vie, ainsi que l’exploration des destinations qu’elle visite lors de ses escales.

Cette discipline lui permet de gérer les défis d’un métier exigeant, marqué par de longues heures de vol et des décalages horaires.

Un symbole d’espoir et d’excellence

Édith Mala Diop est bien plus qu’une pilote talentueuse ; elle est un symbole d’espoir et de persévérance. Son parcours, marqué par des obstacles surmontés avec grâce et détermination, montre que les rêves les plus ambitieux sont à la portée de ceux qui osent les poursuivre.

En tant que première femme ivoirienne commandant de bord sur Boeing 777, elle pave la voie pour une nouvelle génération de femmes dans l’aviation. Son histoire est un rappel puissant que la passion, la rigueur et l’humilité peuvent ouvrir des horizons infinis, même dans les cieux.

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